Pourquoi avoir imaginé une exposition sur les bâtiments de l’enseignement secondaire ?
La pandémie a mis en évidence un paradoxe qui existe depuis plusieurs années : l’apprentissage ne se limite plus à l’espace de la salle de classe, il peut se faire partout et de manière dématérialisée. Mais il est très difficile d’apprendre un métier sans être soumis à un professeur, de trouver des limites à transgresser, de penser l’écologie, le partage des ressources et la citoyenneté sans être dans une salle de classe. Ce lieu est finalement très important dans le processus d’apprentissage des adolescents.
Comment avez-vous choisi les bâtiments présentés dans l’exposition ?
Nous avons défini cinq thèmes qui mettent en jeu l’adolescence et l’apprentissage : production, corps, assemblée, transgression et profession. Cinq des bâtiments présentés sont emblématiques des années 50 à 70, une époque où il y a eu beaucoup de réflexions sur l’enseignement secondaire et universitaire. Le lycée agricole François-Pétrarque, à Avignon, construit de 1966 à 1968, avait pour ambition de former des agriculteurs, et non des paysans. Cet établissement est ainsi doté d’un théâtre et la distribution des espaces, tels que les classes, le réfectoire et l’internat, a été déterminée par l’exposition au soleil et au mistral.
Mais nous montrons aussi dans l’exposition de nombreux bâtiments des années 2000 à aujourd’hui. Il y a, par exemple, le lycée Schmuttertal, en Allemagne, construit en grande partie en bois, le lycée Ørestad, à Copenhague, dont les salles de classe sont ouvertes, parfois séparées par de simples vitres, ou encore la Business Academy Bexley, située à Londres, qui ressemble à une start-up.
Ces établissements peuvent-ils servir de modèles à ceux qui conçoivent et financent les collèges et les lycées en France ?
Nous avons fait en sorte qu’il y ait surtout des établissements publics pour montrer que les innovations dans l’architecture scolaire peuvent être accessibles à tous, mais je ne parlerais pas de « modèles ». Ils apportent des informations et de l’intelligence qui invitent au dialogue, qui aident à penser l’avenir et le changement.
Aujourd’hui, le travail et le rapport au travail évoluent. Des trentenaires décident d’apprendre un nouveau métier, souvent manuel, alors qu’il y a quelques années, on disait « tout sera digital ». Si le temps de l’apprentissage n’est plus limité à l’adolescence, cela pourrait modifier les espaces de l’éducation.
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