Ils ont jeté un pavé dans la mare. Manon Loisel et Nicolas Rio, consultants au sein de Partie prenante, agence de conseils en coopérations territoriales, ont souhaité bousculer le secteur de la démocratie participative en publiant, début septembre, sur le site de « Mediacités », une tribune titrée « Faut-il en finir avec… la démocratie participative ? ».
L’ambition des deux consultants est simple : dire tout haut ce que qu’un grand nombre pense tout bas. « La concertation citoyenne ne sert à rien, à la fin, ce sont les élus qui décident seuls », « ce sont toujours les mêmes qui viennent aux réunions publiques »… Ces propos répétés ces dernières années illustrent un secteur de la démocratie participative à bout de souffle. Développées à grande vitesse ces dix dernières années, surtout dans la sphère publique locale, les démarches participatives seraient tombées dans la facilité, produisant davantage de formats innovants qu’atteignant leur graal : une décision publique enrichie. Au point d’avoir perdu de vue ses intentions originelles de revitalisation du débat public et même, ironie du sort, de contribuer à sa crise en reproduisant les mêmes travers que la démocratie représentative.
Loin d’être une critique du développement de la participation citoyenne dans la fabrique des politiques, l’état des lieux que dressent Manon Loisel et Nicolas Rio se veut avant tout une réflexion en profondeur de ce qui se passe aujourd’hui sur nos territoires afin de sortir la démocratie participative du carcan dans lequel elle s’est enfermée. Le but étant, pour les deux consultants, de requestionner le partage des rôles et les coopérations entre élus, citoyens et administrations.
La démocratie participative a-t-elle la capacité de tenir ses promesses ?
Nicolas Rio : La participation citoyenne est souvent présentée comme le remède à la crise de la démocratie représentative marquée par la montée de l’abstention et la faible représentativité sociologique des élus. Si l’erreur ne vient pas de l’ambition de démocratiser l’action publique, l’illusion est de croire que c’est uniquement par la participation citoyenne que l’on va résoudre ce problème.
On ne peut pas découper la démocratie en tranches avec, d’un côté, une démocratie représentative qui a tous les maux et, de l’autre, une démocratie participative qui en est le remède. Il n’y a qu’une seule démocratie, et c’est donc l’ensemble de la gouvernance qu’il faut transformer.
Par exemple, la crise démocratique ne se limite pas à une affaire de représentativité, elle pose aussi
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