De la sobriété foncière à la densité, il n’y a qu’un pas… allègrement franchi par le cercle des territoires pionniers et pilotes de la sobriété foncière (TPSF), ce vendredi 9 septembre à l’occasion de sa sixième rencontre. Le thème des discussions qui ont rassemblé » 70 participants : « Rendre la densité désirable ». La formulation ne plaît guère au préfet Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme national Action Cœur de ville, aux commandes de la démarche des TPSF. Il préférait volontiers « proximité choisie », plutôt que de densité. Au passage, alors qu’il a remis cet été au gouvernement, un rapport de préfiguration d’un nouvel acte d’ACV (2023-2026) Rollon Mouchel-Blaisot a souligné « avoir proposé que la lutte contre l’étalement urbain constitue le fil conducteur de la reconduction du programme ». Avec un TPSF qui sortirait de son cadre expérimental pour être généralisé ?
En attendant, les 30 territoires – 7 dits pilotes et 23 pionniers – poursuivent leurs travaux qui, rappelons-le visent à « démontrer qu’un développement urbain, résidentiel et économique, peut être réalisé sur la base des principes de sobriété foncière ». Ils sont ainsi entrés dans la phase 2 du programme. Autrement dit, celle « d’appropriation et d’études pour le passage à l’action, qui s’étalera jusqu’à la fin 2022 », resitue l’urbaniste Sylvain Grisot (dixit.net), en charge du suivi national de la démarche.
Un atlas des fonciers invisibles
La phase 1, centrée sur le repérage des fonciers invisibles » et le choix des sites, est aujourd’hui achevée. L’occasion de tirer un premier enseignement : « au final, ce sont 7 méthodes qui ont été déployées autour de ce foncier invisible ». Soit une par collectivité-pilote. « Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’approche standard et industrialisable », a précisé Sylvain Grisot. Avec le soutien de l’Etablissement public foncier (EPF) de Nouvelle-Aquitaine, Grand Poitiers (40 communes – 300 000 hab.) a appréhendé la question à travers la réalisation « d’un atlas des typologies de terrains (zone commerciale, centre-bourg, centre-ville…) et non de sites préalablement identifiés », a expliqué la députée écologiste Lisa Belluco, à l’origine de la démarche, au pilotage de la démarche avant de gagner l’Assemblée nationale.
Avec en parallèle, un important chantier de vulgarisation « pour rendre ce travail accessible aux habitants », parties prenantes, au sein d’ateliers dédiés. Et Lisa Belluco de préciser que la pédagogie fonctionne d’ailleurs dans les deux sens : « la collectivité a besoin de comprendre les attentes des habitants, entreprises, etc. Et à l’inverse, ces échanges lui permettent de transmettre le fait qu’on ne peut plus s’étaler »… Au final, rapporte l’architecte Clémence de Selva, AMO locale, « des sites ont été sélectionnés et pour chacun d’entre eux, nous avons veillé à ce que toutes les cases soient cochées », en matière notamment de soutenabilité et d’acceptabilité. « Par exemple : un travail sur la densification douce, accompagné de rénovation énergétique tout en préservant les cœurs d’îlot ».
Après le Bimby, les immeubles inoccupés
A travers le Bimby, la densification douce correspond justement à la voie choisie par Périgueux (30 000 hab.), dont la superficie est contrainte mais qui jouit de grandes parcelles en cœur de cité. « En cinq ans et demi, 250 logements ont ainsi bénéficié d’une autorisation à construction », rapporte Stéphane Honoré, chef de projet Action Cœur de Ville, accompagné jusqu’alors par le cabinet Villes Vivantes. « Désormais, nous internalisons, ce qui signifie que nous mettons nos services en ordre de bataille, avec un appui du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) ». Un projet de concession d’aménagement figure aussi à l’ordre du jour. L’objectif ? « Redonner vie à certains quartiers en s’appuyant sur la remise sur le marché d’immeubles inoccupés et ainsi faire baisser le taux de vacance », enchaîne Richard Bourgeois, adjoint en charge de l’urbanisme.
Entre expérimentations et retour sur expérience, pour Hélène Peskine, architecte-urbaniste en chef de l’Etat et secrétaire permanente du PUCA, « ces éléments illustrent le fait que la densification n’est pas seulement liée à l’acte de construire. Densifier, c’est aussi donner un usage à des bâtiments qui n’en n’avaient pas ».
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