Savez-vous que la première enquête officielle sur le changement climatique a été menée en France en 1821, à l’initiative du ministère de l’Intérieur, qui s’interrogeait sur « les variations subites des saisons », alors qu’une terrible vague de froid s’était abattue, un an plus tôt, dans le Midi ? Des exemples surprenants de ce type, le bel ouvrage « Une histoire des luttes pour l’environnement » (1) en regorge. Il rend compte de près de trois siècles de luttes environnementales, battant en brèche l’idée reçue qui verrait commencer ces combats dans les années 1970. Fruit du travail de quatre historiens – parmi lesquels Alexis Vrignon, enseignant chercheur à l’université de Pau et des pays de l’Adour –, ce livre s’appuie sur les études de la communauté scientifique internationale, qui ne s’est en fait intéressée à ce sujet de l’histoire de l’environnement que depuis une quinzaine d’années.
Difficile pour autant de conclure à une intensification progressive de ces combats et à un nombre grandissant de victoires obtenues. « Il n’y a pas de logique linéaire. Le succès de ces luttes dépend de l’émergence d’un collectif relativement large autour de ces mobilisations ; il peut associer des élus locaux, des exploitants agricoles ou des opposants qui se positionnent sur un plan plus politique. Lorsque de tels collectifs sont en place, il est possible de remporter quelques succès ou de voir ces luttes s’installer dans le temps long. Quand il y a une atomisation des opposants, les choses sont beaucoup plus complexes. C’est valable au XIXe comme au XXe siècle », explique Alexis Vrignon.
A quand remontent les premières luttes pour la protection de l’environnement ?
Fin XIXe a émergé l’idée qu’il fallait préserver certains paysages remarquables. Il ne s’agissait pas encore d’environnement, les raisons étaient esthétiques ou touristiques, notamment en montagne. A partir des années 1930, et surtout des années 1960, la réflexion est devenue plus écologique, au sens scientifique du terme, au niveau du fonctionnement des écosystèmes, de la manière dont certaines infrastructures pourraient les perturber. Les premiers a en prendre conscience furent les chercheurs.
[70% reste à lire]
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes