Aucune collectivité n’est épargnée. Ni aucune filière. Du social et médicosocial à l’animation et la culture, en passant par l’administratif et le technique, retentit la même plainte : « Il devient difficile de recruter. » Inquiètes de l’ampleur du phénomène, la ville et l’eurométropole de Strasbourg (1) ont dressé en juin un état des lieux précis des métiers les plus en tension : au total, une trentaine, parmi lesquels les ressources humaines, la comptabilité, le numérique, plusieurs profils techniques (par exemple en électromécanique), mais aussi les secrétaires médicosociales, les assistantes sociales, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) ou les éducatrices de jeunes enfants et auxiliaires de puériculture.
Urgence à agir
« Cela concerne quasiment tous les postes », insiste Olivier Ducrocq, président de l’Association nationale des directeurs et directeurs adjoints des centres de gestion de la fonction publique territoriale (ANDCDG). La forte hausse des offres d’emploi dans le public et le privé, attisée par la reprise économique et les nombreux départs à la retraite, a eu pour effet immédiat une concurrence massive entre les employeurs pour attirer les candidats qualifiés. Or « l’attractivité de la fonction publique territoriale est en berne », se désole le président de l’ANDCDG.
Pour certains métiers, « il y a urgence à agir », alerte Hélène Ollier, directrice adjointe du centre de gestion (CDG) de la Haute-Garonne (2), car, « quand les postes sont vacants, le service public n’est plus assuré ». Tout en haut de cette échelle de risque, le secrétaire de mairie, qui fait défaut dans nombre de communes rurales (3). Sans ce « couteau suisse », impossible de faire fonctionner une administration locale. Son « indice de criticité », indicateur mis au point par la coordination des centres de gestion d’Occitanie, est maximal au regard de l’envolée des offres d’emploi (plus de 300 en 2020 et 2021 dans cette région), des départs à la retraite (10 % de l’effectif), de l’absence de formation spécifique et du manque d’attractivité de ces fonctions exercées le plus souvent à temps partiel et faiblement rémunérées.
Inquiétant également, le déficit de diplômés de l’animation, de la petite enfance et du soin aux personnes âgées, ainsi qu’en témoigne la ville de Lyon. Là, comme à Strasbourg et partout en France, la crise sanitaire a fait des dégâts, épuisant le personnel resté en première ligne et empêchant l’organisation de concours, voire de formations, et donc l’embauche de recrues sur des postes de titulaires. Un constat partagé par Patrick Coroyer, président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines des territoires, qui souligne qu’un travail de fond sur les conditions de travail permet d’atténuer ces difficultés. A la ville et la métropole de Nantes (4), dont il est DRH, « nous favorisons les temps complets, par exemple, pour les animateurs, en complétant l’activité périscolaire par des emplois en centre de loisirs. Il y a aussi une Atsem par classe, toujours à temps complet ».
Hémorragie
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