En friche depuis six ans, l’ancien site de l’entreprise Saintronic à Saintes (Charente-Maritime) est en passe de renouer avec son activité industrielle. En novembre 2021, le groupe Chalvignac (spécialiste des cuves en inox) a acquis 20 000 m² de cette zone pour y installer une de ses filiales spécialisée dans la construction de remorques et de bennes. L’entreprise Zolux, qui fabrique des accessoires et consommables pour animaux de compagnie, et était implantée non loin, étend de son côté son activité sur le reste du site. Une opération à laquelle la communauté d’agglomération de Saintes (36 communes, 59 700 hab.) n’est pas étrangère.
Industrie vs supermarché
« Sous le précédent mandat et alors élu de l’opposition, j’avais eu vent du projet de démolition du site pour y créer une zone commerciale dotée de trois restaurants et d’un supermarché. Dès mon arrivée aux responsabilités, j’ai demandé aux services de trouver une solution pour bloquer ce projet », raconte Bruno Drapron, maire (Horizons) de Saintes et président de la communauté d’agglomération.
C’est la modification du PLU (Plan local d’urbanisme), finalement validée en mars 2021, qui constitue le principal levier d’intervention de la collectivité, permettant de dédier en effet la zone à une activité strictement industrielle. « Nous avons ainsi pu maîtriser le prix de cession du terrain en précisant dans le document d’urbanisme la vocation des activités autorisées dans la zone interdisant ainsi l’implantation de nouveaux commerces. Le prix de ce foncier est ainsi adapté aux activités de production », commente la directrice générale des services de l’agglomération Peggy Bednarowicz. Des prix maîtrisés – autour de 40 euros le m² au lieu de 70 à 95 euros estimés le m² s’il s’était s’agit d’une zone à destination commerciale – qui ont favorisé le rachat de l’ancienne usine.
Fonds d’aides
Un fonds d’aides à l’immobilier d’entreprise a également été créé fin 2021 pour accompagner ce projet, ainsi que plus largement le développement économique du territoire. Onze entreprises, qui devraient rapidement créer 66 emplois (sur un bassin qui comprend 14 800 emplois) en ont pour l’instant bénéficié à hauteur de 800 000 euros. 190 000 euros concernent le groupe Chalvignac, qui devrait compter 30 à 65 salariés d’ici à 2026. « En fin d’année, le montant de ces aides atteindra un million d’euros. Nous avons adopté un règlement en novembre 2021 pour déterminer les critères d’attribution : impact en termes d’emplois, sur l’attractivité territoriale, réemploi de friches, dimension transition écologique des travaux d’aménagement… », précise Peggy Bednarowicz.
De ce point de vue, le groupe Chalvignac apporte quelques garanties. « Récupération des eaux pluviales dans le circuit de production, installations photovoltaïques sur les parkings pour fournir une partie de la consommation électrique. Une cabine de peinture industrielle high tech qui limite le nettoyage aux acides polluants a également été prévue, cofinancée à hauteur de 200 000 euros par le conseil régional », énumère Bruno Drapron.
Dernier coup de pouce : une exonération de CFE à 100 % et sur 5 ans. « Soit 70 000 euros par an pour Chalvignac. Toutes les entreprises installées sur la zone d’aide à finalité régionale bénéficieront de cette exonération », précise Peggy Bednarowicz.
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Entreprises : quels choix d'implantation dans les territoires ?
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