Au cœur de ce mercredi d’été, l’inversion des rôles est totale. Alors qu’Emmanuel Macron est sur le front des incendies de forêt monstres qui ravagent les abords du bassin d’Arcachon, le Girondin Alain Rousset se trouve dans la capitale avec ses collègues présidents de région pour être reçu à Matignon. Le patron (PS) de la Nouvelle-Aquitaine n’en garde pas moins les mégafeux à l’esprit. « Il nous faut une force d’attaque rapide en Gironde contre les incendies. Les Canadair ne peuvent pas être cloués au sol, la nuit, à Nîmes, quand le feu se propage », s’agace-t-il.
Dans son viseur, son ennemie préférée : la haute administration parisienne. Cet enfant de la décentralisation, grandi au début des années 80 au cabinet du président (PS) de la région Aquitaine, Philippe Madrelle, fait feu sur les jacobins de tout poil. « Macron, Le Pen, Mélenchon… : ils le sont tous ! » fulmine-t-il. « On est encore dans la vieille croyance jacobine selon laquelle l’Etat a le monopole de l’intérêt général et est le seul capable à produire de l’égalité. L’historienne Mona Ozouf a pourtant démontré qu’il n’en était rien… » peste Alain Rousset.
Une ire avivée ces derniers mois par le cadeau surprise d’Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle : le retour du conseiller territorial. Un élu siégeant à la fois au département et à la région, imaginé, à l’origine, par Nicolas Sarkozy à la fin des années 2000. A l’époque, Alain Rousset présidait l’Association des régions de France et s’était vertement opposé à l’édile à deux têtes. Retour vers le futur plus d’une décennie plus tard. En vue du congrès des régions, qui se déroulera les 15 et 16 septembre à Vichy, Alain Rousset affûte ses arguments.
Pourquoi êtes-vous si opposé au conseiller territorial ?
Priver une collectivité de plein exercice d’une élection propre est contraire à notre Constitution. La proportionnelle, aujourd’hui, distingue les régions des départements où est appliqué le scrutin majoritaire. Elle correspond aux attentes de nos concitoyens. Le conseiller territorial, lui, est un retour à la préhistoire de la décentralisation, à l’époque où l’établissement public régional était composé d’élus désignés au second degré. C’est une manière pour les départements de nous avaler. Le rond-point et la salle des fêtes vont primer. Les régions ne seront plus qu’un tiroir-caisse. Elles viendront pour boucler des plans de financement, et non pour affirmer une vision comme elles le font actuellement.
Cette réforme, en définitive, repose sur un présupposé erroné : les grandes régions seraient hors-sol. Mais c’est tout le contraire. Nous avons, en Nouvelle-Aquitaine, territorialisé notre action, en désignant des élus à l’échelle des anciens pays. Les transports scolaires à Guéret ne sont pas gérés depuis Bordeaux, mais depuis la Creuse. La puissance de feu de la Nouvelle-Aquitaine a démultiplié nos forces. En 2019, nous avons créé 36 % des emplois industriels en France, alors que nous représentons moins de 10 % de la population. Tout cela, Emmanuel Macron l’ignore… Ce n’est pas très étonnant : il
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