Alors que l’épargne brute des communes (histogramme jaune) avait reculé de plus d’1 milliard d’euros entre 2019 et 2020, elle a retrouvé son niveau et même un peu plus lors du dernier exercice clôturé. Cet agrégat essentiel atteint dorénavant 13,2 milliards d’euros, niveau le plus haut jamais atteint.
Plus intéressant, plus de 15,6 % des recettes courantes sont affectées à l’autofinancement, ce qui constitue le plus fort taux d’épargne.
Chute de l’épargne
Sur l’exercice 2021, les dépenses de fonctionnement ont été plutôt maîtrisées, ne progressant que de 2,2 % alors que les stigmates de l’inflation étaient déjà perceptibles.
L’année 2021 a aussi bénéficié de la quasi-disparition des dépenses exceptionnelles engagées pour faire face à une crise sanitaire unique par son ampleur. Seuls les coûts liés à la mise en place de centres de vaccination ont été pérennisés.
Les recettes de fonctionnement ont crû de 3,6 %, progression avant tout imputable au retour à un niveau « normal » de recettes de fonctionnement après leur chute en 2020. Entre 2019 et 2021, les recettes courantes n’ont progressé que de 1,5 %, chiffre nettement plus significatif.
Notons que si les communes n’avaient pas modifié leurs taux d’imposition sur la période (simulation : histogramme violet), l’épargne actuelle serait largement inférieure à celle de 1993. Cela relativise la supposée bonne gestion des collectivités locales… qui ont de plus bénéficié durant cette période de la baisse des taux d’intérêt, de l’envolée des droits de mutation et de l’arrivée des dotations d’intercommunalité, du dynamisme des bases d’imposition, etc.
Investissement redressé
Bien qu’année électorale, 2020 a marqué une inflexion de l’investissement qui épousait jusque-là le cycle électoral. Les confinements successifs ont pesé sur le niveau de réalisation.
2021 a permis de rattraper du temps perdu mais les nombreux changements d’exécutifs municipaux et communautaires ont freiné le phénomène. Une nouvelle équipe aux commandes se traduit traditionnellement par une réinterrogation des perspectives d’investissement ce qui a un effet mécanique sur leur réalisation. Dans ces conditions, l’endettement communal est resté stable.
La capacité de désendettement (soit la relation entre l’endettement et l’épargne brute) redescend en deçà de cinq ans ce qui reflète la qualité des fondamentaux financiers.
Un avenir flou
Fortes de leur qualité financière, les communes imaginaient traverser le mandat 2020-2026 avec sérénité. C’était sans compter avec deux impondérables. Le premier est une conjoncture particulièrement illisible entre soudaine et forte inflation et perspectives de récession.
On a souvent partagé ces derniers mois la pression naissante de l’inflation et surtout le choc énergétique qui frappe les collectivités. Les communes sont en première ligne car leur patrimoine important pour assumer leurs compétences les rend plus vulnérables que d’autres à la flambée des prix de l’énergie.
Leur chance ? une fiscalité directe qui est directement connectée à l’inflation et qui pourrait permettre de « matcher » la dynamique des recettes et des charges de fonctionnement. C’est moins le cas des EPCI et des régions par exemple…
Le second aléa est le sort réservé par l’État à la trajectoire des finances publiques et par là même aux finances locales. Depuis des semaines, stop-and-go succèdent aux atermoiements et le flou reste total. En substance, on comprend que l’État comptait associer les collectivités locales au redressement des comptes publics mais que les très fortes tensions inflationnistes remettaient en cause cette perspective… un argument que la très bonne santé financière des collectivités au terme de l’année 2021 pourrait contribuer à remettre en cause…
Thèmes abordés