[Saint-Louis, collectivité européenne d’Alsace, 400 agents, 22 400 hab.] Commune moyenne d’Alsace, Saint-Louis entretient une très forte culture interne de la prévention des risques d’accidents de service qui, avec le temps, donne des résultats qualifiés « d’excellents » par son DRH, Edgard Marchand. La ville enregistre en moyenne entre 17 et 20 accidents du travail par an et cumule moins de 400 jours d’absence annuels liés à des accidents de service « qui ne donnent généralement pas lieu à des arrêts longs », précise le directeur.
Référents volontaires
A l’origine de cette implication, un grave accident survenu il y a quinze ans. La chute de 6 mètres d’un électricien occupé à installer un câble sur l’un des bâtiments de la collectivité. L’agent s’en est miraculeusement sorti indemne, mais la mésaventure a servi d’électrochoc.
« A l’époque, la prévention s’appuyait sur les directions, sans coordination. Elle était assurée en ajout d’un travail administratif avec un nombre de dossiers à traiter qui ne laissait pas assez de temps pour se déplacer sur le terrain », poursuit Edgard Marchand. Dès 2009, la ville accueille une assistante de prévention, Lise Marziano (lire ci-dessous), avec qui elle engage une vraie démarche interne. Celle-ci passe par la mise en place de référents volontaires dans chaque direction. Chacun représente un domaine d’activité : espaces verts, personnel des écoles et structures de la petite enfance, police municipale… « La dizaine de référents s’est étoffée au fil du temps en intégrant au sein de la direction de l’éducation un référent pour les agents d’entretien et les concierges des écoles, une autre pour les Atsem et une autre pour le périscolaire, car les problématiques et les attentes ne sont pas les mêmes », remarque le directeur.
Raphaël Kennel, responsable adjoint des équipements sportifs est l’un d’entre eux depuis six ans. Avec trente ans d’expérience dans la collectivité, il mesure les progrès accomplis. « Il existe des risques dans tous les métiers, mais sans doute davantage pour les éducateurs et le personnel d’entretien des équipements sportifs municipaux qui manipulent des outils munis de lames, des autolaveuses, des produits chimiques, et qui assurent des travaux en hauteur. »
Plateforme roulante
Au quotidien, le responsable recense les risques, compare les devis de matériel et émet des préconisations. « Dès que je constate des non-conformités, je fais un rapport. Pour les travaux en hauteur, par exemple, nous utilisons désormais une plateforme roulante avec des garde-corps, ce qui évite aux agents d’être en équilibre sur une échelle à deux pieds », précise Raphaël Kennel.
Au service des sports, mais aussi de la petite enfance ou au pôle « entretien » des bâtiments culturels, l’utilisation de bacs de rétention pour stocker les produits d’entretien les plus dangereux permet également de contenir des fuites éventuelles. « Tous les référents partagent et se coordonnent autour de Lise Marziano. Cela permet d’échanger au quotidien sur les pratiques », décrit Edgard Marchand.
Parallèlement, la commune mène une politique de formation aux gestes de travail. « Le volet “hygiène sécurité”, très important, représente plus de la moitié des crédits de formation de la ville. Nous communiquons aussi sur la prévention par le biais d’une rubrique dédiée dans notre journal bimestriel », détaille le DRH. Avec des résultats au long cours sur la culture interne de la collectivité qui lui permettent de ramener son taux de cotisation assurantiel pour les accidents du travail à 0,4 %, avec une franchise de trente jours.
« La remontée du terrain est primordiale »
Lise Marziano, responsable de la gestion administrative du personnel et assistante de prévention
« Tous les deux mois, les référents “prévention“ me font remonter des problématiques de terrain. Chacune de ces rencontres est aussi placée sous le signe d’une thématique transversale : protocole incendie, gestion des trousses de secours, violences externes, réglementation autour des produits chimiques… C’est d’ailleurs au cours de celle-ci que nous avons identifié et fait l’inventaire des produits utilisés ainsi que des points de vigilance sur leur stockage. La remontée du terrain est primordiale.
S’y ajoute, chaque fois que survient un accident entraînant un arrêt de travail, une enquête que je réalise avec l’aide du référent et de l’agent concerné. Les causes identifiées sont ensuite transmises à la direction générale et au médecin du travail. Avec ce dernier, je réalise aussi une dizaine de visites de sites par an. »
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