Les rencontres nationales l’UPFP (Union du Pôle funéraire public) ont eu lieu à Toulouse, les 22 et 23 juin 2022. L’occasion de réunir tous les acteurs du funéraire public : pompes funèbres intercommunales, gestionnaires de crématoriums et gestionnaires de cimetières. Parmi les enjeux actuels : la hausse du prix du gaz, dont les crématoriums dépendent fortement. Explications de Marie-Christine Montfort, directrice des crématoriums de Lille et secrétaire de l’UPFP.
La guerre en Ukraine a entraîné la hausse du prix du gaz. Quels sont les impacts sur les crématoriums ?
C’est une grande inquiétude. Si la situation continue à s’aggraver sur la fourniture des énergies fossiles, nous allons devoir augmenter la prestation de la crémation. On parle de prix doublés à court terme. Si les contrats ont été signés avant la crise en Ukraine, ça va mais pour ceux qui sont signés en ce moment ou qui durent un ou deux ans, l’augmentation est très forte. Si le prix de la crémation flambe, les personnes démunies vont recourir à l’inhumation. Or, les cimetières sont déjà saturés et on ne peut pas les étendre à l’infini. De plus, il y a un échec croissant de décomposition des corps qu’on exhume, à cause des soins de conservation et des terres mortes dans les cimetières (les bactéries ont été tuées par les produits phytosanitaires et ne mangent plus les cadavres). Il existe donc une plus grande difficulté à reprendre des concessions. Et même si maintenant, les maires peuvent reprendre les restes mortels exhumés pour les crématiser (en l’absence d’opposition connue), on en revient au même problème : en raison de la hausse du prix du gaz, cela revient plus cher aux communes.
Selon vous, comment faire pour tirer son épingle du jeu ?
Les autorités doivent accepter les nouveaux modes de funérailles. Ukraine ou pas, l’énergie fossile n’aura qu’un temps, il faut préparer ces alternatives dès aujourd’hui et les pouvoirs publics doivent s’en saisir. Nous avons déjà fait des groupes de travail au CNOF (Conseil national des opérations funéraires) sur ces questions.
Par exemple, l’aquamation (technique consistant à plonger le corps dans une solution alcaline pour détruire la partie organique), médiatisée grâce à Desmond Tutu, ne nécessite pas de gaz, sauf pour chauffer l’eau (qu’on peut chauffer avec de l’électricité éolienne par exemple). Elle n’est donc pas énergivore. Les substrats de cette eau peuvent même servir d’engrais et d’épandage pour les cultures. L’humusation (technique de compostage du corps) est aussi intéressante même si elle est peut-être plus difficile à admettre car nous vivons dans un pays judéo-chrétien.
Ces nouveaux modes de sépulture ne sont-ils pas des menaces pour le secteur funéraire traditionnel ?
Oui, c’est vrai car ils ne requièrent pas de cercueil, ou juste pour la présentation du corps. Les fabricants de cercueils mettront peut-être le holà dans un premier temps mais ils auront le temps de se recycler et je pense que tous les modes de sépulture peuvent cohabiter. Mais de toute façon, il faut arrêter de polluer la planète et le funéraire doit montrer l’exemple, même s’il n’est pas tout à fait prêt. Il a fallu Vatican II pour que l’on se mette à la crémation, et ce n’était pas gagné. Aujourd’hui on est presque à 50 % de crémation.
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