Quelle funeste surprise pour le parti présidentiel ! Les résultats du second tour des législatives ne permettent pas à Ensemble ! d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Alors au coude-à-coude lors du premier scrutin, la Nupes se place en deuxième force politique. Si Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre, le patron de la France Insoumise estime tout de même avoir réussi son pari. « La déroute du parti présidentiel est totale, scande-t-il. Nous avons réussi l’objectif politique que nous nous étions donné, en moins d’un mois de faire tomber celui qui avait avec autant d’arrogance tordu le bras de tout le pays pour être élu sans qu’on ne sache pour quoi faire. »
Au soir du second tour, Ensemble obtient 38,57 % des votes exprimés, selon la catégorisation effectuée par le ministère de l’Intérieur. Il est suivi de très près par l’alliance de gauche avec 31,60 %, suivi par le Rassemblement national avec 17,30 % et Les Républicains avec 6,98 %.
L’abstention reste majoritaire lors de ce scrutin, avec 53,77 %, mais en baisse de 3,59 points par rapport à 2017.
Les Républicains sauvent les meubles et seront décisifs
Si l’on s’attarde sur les résultats des deux blocs victorieux du premier tour : 271 duels opposaient le parti présidentiel et celui de l’union de la gauche. À l’issue du second passage aux urnes, Ensemble! remporte près de 65% des confrontations face aux candidats de la Nupes.
Du côté du Rassemblement national, plus de 50 % de leurs circonscriptions ont été remportées face au camp d’Emmanuel Macron. Marine Le Pen, cheffe de file du parti et fraîchement réélue députée de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, se félicite d’avoir empêcher le camps présidentiel d’atteindre la majorité absolue. « Nous sommes très contents d’avoir participé à ce qu’il n’ait pas de majorité absolue […] Quand le peuple vote, le peuple gagne ! », sourit-elle aux micros des chaînes d’informations après les annonces des résultats.
Si les Républicains n’ont pas fait de bruit lors de l’entre-deux tours, le parti ne s’en tire pas si mal, en sièges. Certes, lors de la précédente législature, le parti de droite représentait la deuxième force dans l’hémicycle, avec 112 députés, alors que pour la mandature qui s’ouvre, son nombre de représentants sera diminué de moitié. Mais le parti de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac aura tout de même un rôle central au Palais Bourbon. Certains, à l’instar de l’ancien ministre UMP, Jean-François Copé, en appellent même à un « pacte de gouvernement » face à la montée du Rassemblement national et de la Nupes.
1/2Depuis des semaines, je répète qu’un pacte de gouvernement est vital entre Macron et LR afin de lutter contre la montée des extrêmes. L’extrême gauche comme l’extrême droite sont des dangers absolus pour la France. Ils incarnent l’un et l’autre violence, tension et sectarisme.
— Jean-François Copé (@jf_cope) June 19, 2022
Une majorité toute relative
Quoi qu’il en soit, à cette heure, il n’y a pas de majorité absolue pour le président nouvellement réélu. Pour rappel, elle s’obtient dès lors qu’un parti obtient 289 députés au sein de l’hémicycle. Un seuil que n’a pas réussi à franchir Emmanuel Macron en débutant ce second mandat. Avant l’élection d’hier, ce cas de figure s’était déjà produit de 1958 à 1962 et de 1988 à 1993, quoi que dans un autre contexte (septennat, et élections législatives découplées de la présidentielle).
Le parti présidentiel remporte tout de même 245 sièges, contre 131 à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, 89 au Rassemblement national ou encore 61 sièges pour Les Républicains.
Emmanuel Macron devrait opérer un remaniement dans les tout prochains jours, notamment pour remplacer les ministres battues, et qui doivent démissionner, aux termes de la règle présidentielle. Amélie de Montchalin, Justine Bénin et Brigitte Bourguignon, respectivement ministres de la Transition écologique, de la Mer et de la Santé, seront-elles remplacées par des ministres LREM, ou le président de la République en profitera-t-il pour faire une ouverture vers Les Républicains ? Ces derniers ne semblent pas, à ce stade, intéressés, Christian Jacob affirmant, lundi 20 juin, que LR restait dans l’opposition et ne nouerait aucun pacte avec le gouvernement.
Le Rassemblement national multiplie son nombre de sièges par dix
L’extrême droite, de son côté, n’a jamais été aussi haute et jamais obtenu autant de sièges de députés. A l’occasion des législatives de 1986, le Front national de Jean-Marie Le Pen avait réussi à constituer un groupe parlementaire avec 35 députés, dans le cadre d’une élection à la proportionnelle. Trente-six ans plus tard, sa fille, Marine Le Pen, aura, elle aussi, un groupe parlementaire, bien plus étoffé, avec 89 élus.
En majorité dans 14 départements, le Rassemblement national opère une percée. Surfant sur sa dynamique du second tour des présidentielles, Marine Le Pen arrive à mobiliser ses troupes et ses électeurs. Cette dernière multiplie par dix le nombre d’élus par rapport à 2017. Désormais, les députés RN auront la garantie d’avoir un temps de parole plus conséquent lors des séances publiques et peuvent prétendre à la présidence de certaines commissions. « Nous demanderons une vice-présidence de l’Assemblée nationale et la présidence de la Commission des finances », annonce la cheffe de file, le 20 juin à la télévision.
Pour l’heure, les nouveaux élus devront attendre une semaine avant de s’asseoir sur les bancs de l’Assemblée. L’ouverture en séance publique de la 16ème législature et l’élection du président de l’Assemblée sont prévues le 28 juin prochain ; les élections des commissions permanentes sont programmées au 30 juin.
Thèmes abordés