La Caisse des dépôts consacre une étude aux disparités territoriales en matière de vieillissement et d’accès aux soins. « L’objectif était de cartographier les disparités en termes de besoins des personnes âgées dépendantes et de disponibilité des professionnels de santé pour la prise en charge à domicile », indique Michel Yahiel, directeur des politiques sociales à la Caisse des dépôts.
Perte d’autonomie très variable selon les territoires
La proportion de personnes âgées est plus importante dans les zones rurales, mais la majorité des personnes âgées résident dans les grandes villes et sur les littoraux. La fréquence des situations de perte d’autonomie est très variable d’un département à l’autre. « On note une concentration de ces situations dans le Grand-est et les Hauts-de-France, et à un âge plus précoce, dans des régions où la vulnérabilité économique des populations vieillissantes est aussi plus marquée », souligne Michel Yahiel.
La situation au regard de la dépendance est plus favorable en Ile-de-France, Bretagne et Pays de la Loire. On note un fort contraste en termes d’autonomie et de revenus, entre une zone Nord-est et une zone Sud-Ouest. Les littoraux de la moitié Sud ont la proportion la plus élevée de personnes de plus de 75 ans bénéficiant de l’APA.
Meilleure accessibilité dans les zones denses
L’étude montre également d’importantes inégalités territoriales en matière d’accès aux soins de ces populations vieillissantes ou en perte d’autonomie. Ces écarts sont surtout lié à la densité, l’accessibilité étant bien meilleure dans les zones densément peuplées ou de densité intermédiaire. Elle est aussi meilleure dans les zones littorales qu’à l’intérieur des terres.
« Cela confirme les données sur les déserts médicaux, en revanche, on observe que le revenu communal n’a pas d’incidence sur le degré d’accessibilité, contrairement à ce qu’on aurait pu penser », ajoute Clémence Darrigade, co-auteure de l’étude.
Inégalités encore plus fortes pour les kinés et infirmiers
L’accessibilité diffère aussi selon le type de soins. L’étude révèle des inégalités d’accès beaucoup plus marquées pour les soins d’infirmiers libéraux ou de masseurs-kinésithérapeutes que pour ceux de médecins généralistes. Les masseurs-kinés, très peu présents dans les zones peu denses, se concentrent sur les façades atlantique et méditerranéenne et aux frontières nord du pays.
« Cette répartition encore plus hétérogène des infirmiers et kinés que des médecins nous a surpris », témoigne Nathalie Chataigner, co-auteure de l’étude. Autre constat que les auteurs n’expliquent pas : à niveau de densité équivalent, l’accès aux infirmiers libéraux tend à être meilleur dans les communes où le revenu médian est faible.
Cette inégale répartition de l’offre de soins sur le territoire pénalise d’autant plus les personnes âgées en perte d’autonomie et à faible revenu. « On voit que certaines zones cumulent une fragilité sanitaire, économique, et des difficultés d’accès aux soins, souligne Michel Yahiel. Pour améliorer l’offre de soins, il faudrait mieux prendre en compte les besoins des personnes vieillissantes. »
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