[Bourgogne-Franche-Comté, 2,81 millions d’hab.]
Trente-deux collectivités sont lauréates de l’appel à projets « territoires intelligents et durables » organisé par le conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté. Parmi elles, plusieurs collectivités de taille moindre et installées en zone rurale. Cet appel à projets fait suite à la politique publique des usages numériques, adoptée en octobre 2020 par la région. Parmi ses objectifs figure celui de faire émerger des projets de territoires intelligents dans les communes en zone rurale : « Les territoires intelligents ne sont pas liés à la taille des collectivités, ils ne se limitent pas aux zones urbaines très denses. Ce sont des territoires où des services et usages numériques sont exploités pour faciliter la vie des citoyens, le fonctionnement des collectivités et les dynamiques économiques et associatives. »
Les données au cœur du processus
« L’aménagement du numérique est un aménagement du territoire, rappelle Sophie Valdenaire-Ratto, déléguée à la transformation numérique de la région, expliquant ainsi son implication. La politique publique se déploie à tous les niveaux et notamment dans les espaces les plus ruraux, surtout avec l’arrivée de la fibre qui permet de nouveaux usages. »
Valorisation du patrimoine, partage d’informations et relation avec les citoyens, amélioration des interactions : les projets sélectionnés sont variés mais ont pour principal point commun de placer les données au cœur du processus. Pour équiper l’ensemble des collectivités et faire monter en compétence les élus et les agents, un « parcours data » a été conçu, décomposé en plusieurs ateliers sur les « enjeux incontournables » que sont la protection des données personnelles, la transparence, la souveraineté, la sobriété et la cybersécurité. Les ateliers, où un ou deux agents ou élus des collectivités lauréates pouvaient participer, n’étant que la première étape, l’objectif était de créer des réseaux formels, ou non, pour disséminer la parole.
« Nous avons organisé plusieurs journées d’échanges entre les lauréats. Nous avions l’ambition de faire émerger une définition des territoires intelligents. Plusieurs ateliers ont permis un retour d’expérience des collectivités ou des démonstrations de bureaux d’études ou de start-up », détaille Sarah Pineau Poupelin, chargée de mission au sein de la délégation. « Les enjeux de la data sont les mêmes, selon que l’on s’adresse à des grands territoires, à des métropoles pionnières déjà très avancées ou à des collectivités qui débutent », explique Aurélie Legrand, consultante pour Civiteo, qui a participé à l’organisation du « parcours data ».
Parmi les atouts, le lien avec la population
Là encore, la préoccupation a été d’inclure aussi les lauréats des zones rurales, qui peuvent se sentir moins experts ou moins concernés. « Il y a certes des spécificités en milieu rural, notamment en raison de moyens plus contraints, mais il y a également des atouts », rappelle Aurélie Legrand. Elle énumère les circuits de décision plus courts, le lien resserré avec la population ou l’historique de données moins lourd qui permet d’expérimenter des prototypes plus légers. Elle ajoute que la collecte de données n’est pas qu’une affaire de capteurs sophistiqués ou d’experts, mais peut commencer dès le guichet, avec des agents préparés. « Tous les territoires sont intelligents », rappellent les deux agentes de la région.
Parmi les projets des collectivités en zone rurale, la réalisation d’un atlas de la biodiversité à Granges, commune de Saône-et-Loire (lire ci-dessous), partagé par différents services, et sur le site web, et sur l’application mobile de la commune. Véronique Duroure, directrice des projets pour la commune explique : « Le territoire connecté, c’est ce qu’on veut en faire, et notre projet peut être reproduit sur d’autres territoires ruraux. » La commune travaille également à l’implantation d’armoires connectées pour permettre aux producteurs locaux de faire du « click and collect » et d’être informés lorsque leurs produits sont récupérés.
Un guide papier ou PDF des bonnes pratiques
La région pourra également s’appuyer sur un guide en papier, ou au format PDF, qui reprend le contenu de l’ensemble des ateliers, multipliant les exemples et les bonnes pratiques. « Le guide de la donnée rend tangible et concrétise les messages entendus tout au long du parcours, explique Aurélie Legrand. Il a depuis été beaucoup téléchargé. » Parmi les exemples cités, Cozzano, « smart village » corse de 275 habitants, qui a mis en place une infrastructure numérique avec des capteurs permettant des outils de pilotage liés à l’activité agricole ou à l’environnement.
Pour la suite, la région ambitionne de continuer son appui aux collectivités en proposant des outils juridiques ou en étoffant son soutien aux usages du numérique.
Contact : Sophie Valdenaire-Ratto, déléguée à la transformation numérique, sophie.valdenaire@bourgognefranchecomte.fr
« Les élus ont pour projet de monter un atlas de la biodiversité »
Véronique Duroure, directrice des projets à la mairie de Granges (500 hab., Saône-et-Loire)
« Les élus de notre commune rurale ont décidé de favoriser les circuits courts, notamment en installant des casiers pour le “click and collect”. Ils ont également pour projet de monter un atlas de la biodiversité, qui permettra aux entreprises de prévoir l’aménagement des terrains en la protégeant, mais aussi d’informer les habitants.
Dans le cadre de l’appel à projets de la région, j’ai participé à la plupart des réunions du “parcours data”. Ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses et de les mettre en pratique, aussi bien sur la gestion des données et leur sécurisation que sur leur mise à profit pour développer des projets en concertation avec les habitants. La présence de collectivités plus importantes dans le parcours, même si les enjeux sont différents, m’a permis d’avoir des réponses à des questions que je ne m’étais pas encore posées. »
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