« On va dans le mur ! » déclare Pierre Veltz quand il évoque les changements profonds et imminents que la France va devoir suivre pour déployer, sur son territoire, la production d’ENR, telles que l’éolien, le solaire et les bioénergies.
Ce chercheur, spécialiste de l’aménagement du territoire, prône une planification nationale concertée réunissant toutes les parties prenantes : l’Etat, les régions, les acteurs industriels de la filière mais aussi les opérateurs, comme EDF. Le rapport « Futurs énergétiques 2050 » de RTE, publié le 16 février, qui indique que l’électricité va devenir une source d’énergie majoritaire, a été un révélateur. La stratégie bas carbone signifie que nos infrastructures énergétiques vont devoir se redéployer, en quasi-totalité, sur le territoire national, alors qu’aujourd’hui nous n’avons que les terminaux pétroliers ou gaziers. Et l’addition des initiatives locales – installations d’éoliennes, de champs photovoltaïques ou la mobilisation d’hectares de forêts ou de végétaux pour la production de biomasse – ne suffira pas.
Fort de cette conviction, Pierre Veltz multiplie les tribunes dans la presse nationale (1) pour tirer le signal d’alarme. Il regrette que cette question n’ait pas été abordée lors des débats de l’élection présidentielle. Mais cette prise de parole commence, semble-t-il, à marquer les esprits.
« Nous avons eu beaucoup de réactions à la suite de ces tribunes parues dans la presse. Un vrai courant de pensées, qui note un déficit majeur d’organisation sur ce sujet, commence à émerger », se réjouit l’urbaniste.
En matière d’énergies renouvelables et leur déploiement dans les territoires, quel est votre constat ?
Je travaille, depuis longtemps maintenant, sur les questions d’aménagement du territoire au regard de la mutation écologique. Ce sujet va dominer les années à venir et il y a urgence à s’intéresser à ces enjeux. Les politiques n’ont pas pris conscience de ce que représente le déploiement à la bonne échelle des énergies renouvelables, l’éolien et le solaire en particulier. Une vision un peu romantique persiste sur ces énergies qui seraient avant tout très locales. Et quand des projets se mettent en place, les motivations sont court-termistes. Car ce secteur n’a jamais vraiment été géré par l’Etat avec une vision prospective.
Des financiers se sont intéressés aux ENR et on a laissé les projets se faire avec des prix incitatifs garantis. Aujourd’hui, des officines spécialisées démarchent les agriculteurs, propriétaires de terres, pour installer des éoliennes ou développer l’agrovoltaïsme. C’est une forme d’assurance retraite pour ces ruraux, mais nous ne pouvons pas continuer comme ça.
Des dispositifs de programmation nationale, comme la Stratégie nationale bas carbone et la Programmation pluriannuelle de l’énergie, mais aussi régionale, avec les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, existent. Toutefois,
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Gazette des Communes, Club Techni.Cités
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