Comment expliquer le haut score qu’aurait réalisé Marine Le Pen au sein de la fonction publique, en particulier les catégories C ?
Les fonctionnaires ne sont pas une catégorie de citoyens à part et les tensions et crispations qui traversent la société française les concernent comme tous les autres. Entre contestation et adhésion, il n’est pas étonnant que le score pour le RN soit élevé chez les agents publics aussi.
Une frustration peut se ressentir et découler du décrochage du pouvoir d’achat, au manque de perspectives liées aux grilles salariales et au gel point d’indice, créant les conditions d’un décrochage. Il peut également y avoir une perte de sens par rapport à un discours sur le rôle d’une puissance publique trop longtemps prise dans une logique seulement gestionnaire, et on peut espérer qu’au regard de la crise cela change.
Enfin il y a sans doute aussi une minimisation par méconnaissance de ce que veut dire l’extrême-droite au pouvoir, alors que les expériences à la fois locales comme à Hénin-Beaumont, comme Marine Tondelier en a témoigné, mais aussi européenne et internationale comme en Hongrie ou au Brésil montrent que la gouvernance d’une administration, d’un Etat, d’une collectivité, par l’extrême-droite, c’est le clientélisme érigé en méthode, un flicage des agents et des relations d’intérêt de type mafieux au sommet du pouvoir. Il faut que les fonctionnaires ouvrent les yeux sur ce que signifierait l’extrême-droite au pouvoir, et à ce titre le collectif dénonce cette hypothèse et nous soutenons l’idée de lui faire barrage.
Selon votre collectif, le programme d’extrême-droite porté par Marine Le Pen porterait atteinte à nos services publics…
Le programme porté par Marine Le Pen porte en lui la préférence nationale qui serait imposée par voie de référendum, lui-même inconstitutionnel, une sortie du cadre de l’Etat de droit, un principe de discriminations généralisées pour l’accès au logement, l’embauche, etc.
Il y a d’ailleurs un sujet qui est monté ces derniers jours et qui est de savoir comment les agents publics soumis à un devoir de réserve et de loyauté devraient se positionner par rapport à un pouvoir dont les pratiques avérées et les projets se situent à rebours des valeurs de celles de la fonction publique et des services publics…
Si l’on tire le bilan, quelle a été la place des services publics dans les discours des candidats tout au long de la campagne ?
Il y a d’abord eu une prise de position sur les moyens attribués aux services publics au sens large, avec une logique du chiffre, avec un axe droite-gauche assez prononcé. A droite, c’est la proposition des suppressions de postes comme argument de campagne invoqué par Valérie Pécresse ou Eric Zemmour. A gauche, il y avait au contraire des annonces de création d’emplois allant d’une logique assez ambitieuse du côté d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot jusqu’à être très à la hausse pour Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel.
Emmanuel Macron a lui modifié son discours initial sur la recherche d’économies, notamment sous le coup de la crise Covid, et affiche aujourd’hui bien davantage un discours de soutien en apparence, tout en chiffrant des milliards d’euros d’économies peu précises tant sur les collectivités que dans la fonction publique d’Etat. Mais lui ainsi que Marine Le Pen ont été dans une sorte d’entre-deux avec des promesses d’économies assez ambiguës et donc peu engageantes. Par exemple, hier encore à l’occasion du débat, ils n’ont pas fait de propositions concrètes sur cette question.
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Gazette des Communes
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