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Rendre inacceptable le geste de jeter par terre un déchet est l’ambition de l'association Gestes propres. Pour y parvenir, elle mise sur deux leviers : la sensibilisation et ses sacs-poubelles bien identifiés par le grand public. Entretien avec Carole Carpentier, déléguée générale de l'association.
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Dépôts sauvages : n'en jetez plus !
Quelle principale mission vous êtes-vous fixé ?
La prévention des déchets abandonnés est notre principale mission (1). Notre ambition est de rendre le geste de jeter un déchet par terre socialement inacceptable. Nous n’y sommes pas encore. La progression de la consommation hors domicile a même un peu aggravé la situation. Chaque année, 77 000 tonnes sont abandonnées sur les routes, 650 sur les plages, 450 sur les pistes de ski, 10 000 tonnes flottent sur les cours d’eau… Ces volumes déjà considérables ne prennent pas en compte les déchets présents en ville, en forêt, etc.
Et les déchets abandonnés par les entreprises ?
Jusqu’alors, notre cible c’était le particulier et le déchet de consommation courante, hors foyer. Mais nos partenaires et en particulier l’Association des maires de France (AMF), partenaire historique de l’association, et l’Office national des forêts (ONF), nous ont alertés sur ces dépôts sauvages. C’est très différent comme comportement. Il y a anticipation. Nous ne sommes pas dans le geste automatique du fumeur qui jette son mégot par terre. Nous avons donc décidé de nous investir sur cette nouvelle problématique avec l’éco-organisme Eco-mobilier notamment, qui vient d’adhérer à l’association. J’espère que nous pourrons travailler avec la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) des déchets du bâtiment quand elle sera vraiment créée.
Quels sont vos leviers d’action ?
Le premier, c’est la sensibilisation. Nous menons des campagnes de communication sur les réseaux sociaux, par affichage. Nous avons développé des outils de sensibilisation, comme des ateliers pour les enfants. Notre dispositif de collecte est notre second levier d’intervention. Nous vendons 2,3 millions de sacs-poubelles par an aux collectivités et aux événements comme le Tour de France. Ils sont visibles de loin, grâce à leurs grosses rayures, éco-conçus, imprimés à l’encre à l’eau, fabriqués avec 100 % de plastiques recyclés. Ils sont personnalisables au nom de la collectivité. Les mille premiers sacs coûtent 227 euros.
Quel rôle jouent les collectivités ?
Nous essayons de mobiliser tous les acteurs de la chaîne : les citoyens, les entreprises, le gouvernement, d’autres associations, les éco-organismes… Et les collectivités territoriales. Nous allons prochainement, pour nos 50 ans, mettre en place une nouvelle gouvernance, avec deux élus représentant l’AMF.
Nous proposons aux collectivités qui nous commandent des sacs, ou des collecteurs, un kit de sensibilisation que nous avons conçu en collaboration avec l’AMF, qu’elles peuvent personnaliser. Il s’agit d’outils de communication clé en main, faciles à mettre en place. Mais ils sont peu utilisés. Car nous avons du mal à faire le lien entre le service technique, propreté ou environnement qui commande les sacs et le service communication. Et comme nous sommes une petite équipe, nous sommes trois et demie, nous n’avons pas les moyens humains pour relancer chaque collectivité partenaire. Il y en a près de 1 000. La plupart de ces outils de sensibilisation sont accessibles gratuitement à l’ensemble des collectivités sur notre site internet. Même celles qui ne collaborent pas avec nous.
Qu’est-ce que l’accompagnement de Gestes propres leur apporte ?
Toutes les collectivités n’ont pas les moyens humains et financiers de créer des campagnes de sensibilisation pour leurs administrés. Nous leur proposons des outils performants qu’une commune, à part une grande ville comme Paris, ne peut pas s’offrir. Les campagnes sont travaillées en amont. Avant de les lancer, nous réalisons des enquêtes. Nous travaillons avec des psycho-sociologues, de très bonnes agences de communication. C’est du clé en main gratuit qui a fait ses preuves.
Disposez-vous d’études qui mesurent l’efficacité de ces campagnes ?
Malheureusement non, car quand nous envoyons un questionnaire d’enquête aux collectivités, c’est très compliqué d’avoir des réponses. Or nous n’avons pas les moyens d’aller constater sur place, de conduire des études de flux avant /après. La seule contrepartie que l’on demande, c’est de nous faire un retour qualitatif et si possible quantitatif.