Il paraît que, lorsque vous étiez éducateur en club, vous faisiez réviser les tables de multiplication lors des entraînements… Est-on ici dans la performance sociale du sport ?
Absolument. J’avais un groupe hétérogène de jeunes de 5 à 8 ans, sur du mini-bad. L’idée était qu’à la fin de la saison, qu’ils continuent ou non dans ce sport, ils aient retenu quelque chose. Elle repose sur le fait que le badminton n’est qu’un support sur lequel il est possible de greffer des apprentissages : apprendre des mots d’anglais sur la discipline, de la géographie avec les grands champions ou à compter !
Un exemple : nous avions sept terrains devant nous ; deux ou quatre joueurs par terrain. Au final, combien avons-nous de joueurs sur le plateau ? Nous sommes dans la performance sociale du sport, avec une discipline, le badminton, qui n’est pas considérée comme une finalité mais un support : pour lutter contre le décrochage scolaire, favoriser l’insertion, etc. Il s’agit d’avoir un impact qui peut aussi être sur la santé, la sociabilisation des personnes isolées, etc.
Comment trouver l’équilibre entre ce projet et la finalité de toute fédération olympique : la compétition ?
Celle-ci n’est pas oubliée, bien sûr. Mais elle ne concerne qu’un tiers de nos licenciés (un total de 190 000 dans 2 000 clubs, avant la crise sanitaire, ndlr). C’est un profil atypique pour une fédération olympique. Donc l’enjeu est aussi de s’adresser à ces dizaines de milliers de personnes qui n’ont pas fait de compétition et qui ne souhaitent pas forcément en faire. Et derrière cela, il s’agit de redonner du sens à la pratique sportive dans une association.
Qu’attendez-vous des collectivités territoriales ?
Il faut partir de la richesse du territoire. Aujourd’hui, un club qui ne regarde que son lieu de pratique et que l’intérieur de l’association est en péril. Le monde évolue, avec des approches plus consuméristes. Raison pour laquelle nous essayons aussi, avec ces programmes de performance sociale, de fidéliser les pratiquants.
Mais cette approche ne se construit pas avec nos seules compétences de badminton. D’où l’importance de créer des espaces d’échange sur chacun des territoires, entre le tissu sportif, culturel, économique, social, etc. Clubs et collectivités doivent se parler pour bien d’autres choses que des histoires de subventions et de créneaux. A ce titre, nous produisons d’ailleurs des mémos pour nos dirigeants, sur la façon de construire une relation durable et solide avec sa collectivité.
Quelle est la place du plan des 5 000 équipements de proximité dans cette politique ?
L’idée est de raconter une nouvelle histoire et, pour cela, nous avons a besoin d’implanter ces sports de volant partout. Au-delà du badminton, donc, discipline d’intérieur, nous proposons aussi le AirBadminton qui se pratique en extérieur avec un volant qui tient mieux le vent. Sans oublier le fit’minton qui correspond à du fitness reprenant les gestes du badminton.
Nous souhaitons donc attirer de nouveaux pratiquants en fonction de leur fibre personnelle. Le plan des 5000 équipements vise donc l’installation de structures légères de AirBadminton. Avec ensuite l’enjeu de faire vivre l’équipement. Car l’important, ce n’est pas la coque, mais ce que l’on met dedans…
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