Mais où vont les gens ? A quel moment de la journée ? Pour quel motif ? Quel est l’impact écologique de leurs déplacements ? Répondre à ces questions est le parti de la jeune pousse Entropy. Créée en 2019, cette start-up basée à Versailles, dans les Yvelines, fournit des schémas de mobilité à des opérateurs de transport, des bureaux d’études, des cabinets d’ingénierie et de conseil, et parfois directement à des collectivités, comme le conseil départemental des Yvelines.
Ces données constituent autant d’aides à la prise de décision dans le cadre de plans de mobilité, d’aménagement de zones commerciales, de plans vélo ou d’installation de bornes électriques.
Intelligence artificielle
Le fondateur d’Entropy, Sami Kraiem, était chercheur à l’institut Vedecom, spécialisé dans les véhicules autonomes. « En 2015, l’intelligence artificielle émergeait et nous avons pensé qu’elle pouvait résoudre différentes problématiques relatives à la mobilité. Ce projet de recherche et développement avait pour but d’apprendre comment les habitants se déplacent pour, ensuite, réaliser des prédictions », se souvient-il. Le désormais entrepreneur a dû se former à HEC afin de passer le cap du business. « Avant, je n’avais jamais rien vendu. C’était un nouveau métier », affirme, avec le sourire, le jeune homme.
Entropy est donc une émanation de l’institut de recherche Vedecom, « un spin-off » pour employer le vocabulaire des start-up. Elle emploie sept salariés, et son objectif est de doubler ses effectifs cette année. « Utilisant des données complexes, avec beaucoup d’informations à gérer, nous avons besoin de designers pour les simplifier et les rendre intelligibles », précise Sami Kraiem.
Données statiques et dynamiques
Concrètement, trois types de données, statiques et dynamiques, soumises àl’intelligence artificielle, permettent de définir un schéma de mobilité pour chaque agglomération, quartier par quartier. En open data, la start-up utilise le recensement de la population (sexe, âge, nombre de voitures par foyer, façon de se déplacer…) et les éléments structurants d’un territoire (lieux d’emploi, d’habitation, de commerces, de centres commerciaux, routes…).
Puis elle achète des données qui concernent spécifiquement la mobilité : coordonnées GPS, billets de train ou de bus, cartes d’abonnement… L’algorithme combine tous ces éléments et fournit une description assez fine des déplacements.
Ce type d’outils évite le recours à des enquêtes sur le terrain, mais aussi la pose de capteurs donnant accès au même type d’informations. « Notre ambition est que tous les territoires puissent en bénéficier. En milieu interurbain ou rural, certaines collectivités ne connaissent pas encore la façon dont la population se déplace », affirme l’entrepreneur, qui entend remédier à cette lacune.
« Une information facilement mobilisable »
Laurent Zampiccoli, directeur adjoint de la mobilité du département des Yvelines
« Avant même la création d’Entropy, nous avons réalisé une étude dans le cadre d’une convention avec l’institut Vedecom, pour déterminer les lieux de sites de covoiturage potentiels le long de la RN12. Cela n’a pas abouti à des travaux opérationnels, mais a permis aux collectivités du secteur d’identifier les besoins. Plus récemment, Entropy a contribué à une étude d’opportunité pour la création d’un pôle d’échange multimodal sur le territoire des Yvelines. Le recours à ce type de données permet de disposer d’une information facilement mobilisable, sur des périodes de référence relativement longues. Ce système permet de connaître les ordres de grandeur des trafics autour d’une gare. Il est moins efficace pour la régulation du trafic. »
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