Une déroute historique. Les deux plus gros partis d’élus locaux, LR et le PS, mordent la poussière au premier tour de l’élection présidentielle, incapables, l’un et l’autre, de dépasser la barre des 5 %, synonyme de remboursement des frais de campagne. A eux deux, ils enregistrent seulement 6,6 % des suffrages. Si l’on ajoute la formation EELV, victorieuse dans les grandes villes (Lyon, Bordeaux, Strasbourg…) aux dernières municipales, les principales forces politiques locales culminent péniblement à 11,2 %.
Un score microscopique au regard des presque trois quarts des voix qu’ont su attirer Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Autant de candidats sans assise locale.
Boulet au pied
C’est donc, quel que soit le verdict des urnes lors du second tour de la présidentielle, le 24 avril 2022, une cohabitation de tous les dangers qui se profile entre le pouvoir national et des collectivités en mal de légitimité populaire. Entre le centre et la périphérie, la fracture constatée depuis l’arrivée, en 2017, d’un chef de l’Etat dépourvu de tout mandat local pourrait bien s’aggraver.
Au moment où le robinet du « quoi qu’il en coûte » risque de se fermer, les élus locaux vont partir avec un boulet au pied.
Comment la socialiste Anne Hidalgo pourra-t-elle bien peser après ses 2,2 % à Paris ? La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, aura aussi du mal à se remettre de son échec dans son fief de Vélizy-Villacoublay. Une banlieue plutôt prospère de l’ouest parisien où la candidate LR représente trois fois moins de votes qu’Emmanuel Macron. Elle y est même devancée par Marine Le Pen.
Remake du Parti Radical
Fragilisés par l’abstention monstre aux scrutins municipaux, départementaux et régionaux, les édiles LR et PS ne constituent plus qu’un grand syndicat d’élus locaux.
S’ils ne veulent pas définitivement ressembler au Parti radical des débuts de la Ve République, ils devront inscrire leur action locale dans des enjeux nationaux, comme le pouvoir d’achat ou la souveraineté énergétique. Et ainsi faire de leurs collectivités des bases de la reconquête du pouvoir suprême.
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