« Les résidences services seniors vont jouer demain un rôle déterminant sur les territoires », le Think tank Matières grises en est convaincu. Son étude consacrée à ce mode d’habitat, présentée le 31 mars en partenariat avec les associations France urbaine et Petites villes de France, s’adresse en premier lieu aux élus locaux. Elle met en avant l’intérêt de cette solution pour accompagner le parcours résidentiel des seniors et lutter contre l’isolement.
Une résidence service senior (RSS) est un ensemble de logements autonomes (du T1 au T3) adaptés, où les locataires bénéficient d’espaces et de services collectifs, à la carte ou inclus dans le loyer : « un accueil, un bar, un restaurant, une salle de gym, et un programme d’animation », illustre Frédéric Walther, directeur général de Domitys, leader sur ce marché.
Complémentaire des Ehpad, ce mode d’habitat intermédiaire va prendre, selon l’étude, de plus en plus d’importance, car il serait « le seul capable de répondre massivement aux besoins des 75-85 ans, autonomes mais fragiles physiquement et isolés socialement ». En effet, « il supplante les résidences autonomie, qui sont plus accessibles financièrement mais peinent à trouver un modèle économique viable », tandis que l’habitat inclusif reste encore confidentiel.
Les élus locaux ont un rôle à jouer
Contrairement aux Ehpad ou aux résidences autonomie, les RSS ne sont pas des établissements médicosociaux et ne nécessitent pas d’autorisation préalable, hormis le permis de construire délivré par la mairie. Les élus locaux ont donc « un rôle à jouer » dans le développement de ce type d’habitat « en complémentarité avec l’offre médicosociale ».
L’étude leur donne quelques conseils : implanter les RSS à proximité des commerces et transports, « veiller à la qualité du gestionnaire » et de la partie « services », les intégrer dans l’écosystème de l’accompagnement des seniors sur le territoire, et enfin adapter l’offre aux caractéristiques sociologiques de la population.
De ce point de vue, les RSS s’adressent à une population plutôt aisée (3e et 4e quartile), mais l’étude note « l’émergence de résidences seniors à vocation sociale ». Notamment, indique Jean-François Vitoux, directeur général du groupe associatif Arpavie, « en ajustant les coûts, en réduisant les surfaces, et en proposant un socle minimum de prestations ». Ces initiatives sont à développer afin de toucher « la moitié la moins aisée de la population ».
Privilégier les communes rurales ou périphériques
Au niveau géographique, les RSS se sont d’abord implantées dans les villes de plus d’un million d’habitants, puis dans les centres des villes de 15 000 à 500 000 habitants. Pourtant, « ce n’est pas au centre des grandes villes que les RSS se remplissent le mieux », observent les auteurs, car les seniors y vivent déjà en appartement à proximité de services. « Ce constat doit encourager à privilégier les implantations en zones semi-rurales ou rurales, villes moyennes ou périphériques. »
L’étude souligne l’opportunité d’une RSS pour son quartier ou sa ville d’implantation : « Elle libère des maisons familiales, fluidifie le parc immobilier, créé des emplois de services à la personne, et fait marcher le commerce de proximité ».
Sur ce marché « en pleine croissance », le nombre de RSS, déjà passé de 500 à 1000 en cinq ans, « pourrait être multiplié par trois ou quatre d’ici 2030 », estiment les auteurs.
Références
- Résidences services senior, Les clés pour appréhender une offre devenue incontournable pour les territoires, Anne Kuhn Lafont et Robin Troutot, sous la direction de Luc Broussy.
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