Les dizaines vont remplacer les centaines. Alors que des décennies durant, l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise, l’Aderly, s’était habituée à installer plus d’une centaine d’entreprises par an, les ambitions sont revues à la baisse. Elle a accompagné 62 entreprises l’an dernier, 72 en 2020, contre plus de 110 en 2019. La crise du Covid n’est pas étrangère à ce phénomène, mais il faut surtout y voir la patte du nouvel exécutif écologiste métropolitain.
« Nous souhaitons repositionner l’action de l’Aderly sur du qualitatif plus que sur du quantitatif, notamment en faisant le choix d’aller vers des filières stratégiques pour nos territoires et des entreprises soucieuses de leur impact », assume Bruno Bernard, président (EELV) de la métropole de Lyon (59 communes, 1,41 million d’hab.), premier financeur de l’agence. Il veut aussi que la répartition géographique des implantations d’entreprises, jusque-là très profitable au Grand Lyon, soit mieux équilibrée sur l’ensemble du territoire de l’Aderly, qui va du nord de l’Isère à l’agglomération stéphanoise.
Santé, mobilité, textile…
L’Aderly met donc désormais le cap sur quatre filières jugées prioritaires : la santé, les mobilités douces, la transition écologique et le redéploiement productif, en premier lieu dans le textile, jadis bastion de l’économie lyonnaise. Tous les acteurs économiques de ces secteurs ne seront toutefois pas les bienvenus en terres lyonnaises. Au-delà de leurs activités, les entreprises devront aussi travailler sur leurs impacts. Tout d’abord sociaux, en mettant notamment l’accent sur l’embauche de personnel local, l’inclusion et la diversité.
Elles seront également évaluées à l’aune de leurs efforts en matière environnementale, comme leur capacité à inscrire leur action au sein de circuits courts. « Il y a un véritable enjeu à limiter les fuites vers l’extérieur du territoire. Il nous faut donc aller chercher des entreprises qui répondront à ce besoin », résume Emeline Baume, vice-présidente (EELV) de la métropole chargée de l’économie.
Appui sur un baromètre
Pour dépasser les incantations et décliner cette nouvelle feuille de route, l’Aderly va s’appuyer sur un outil de mesure d’impact. Initié l’an dernier en collaboration avec l’agence Utopies, ce baromètre vise à suivre année par année, sur dix ans glissants, le comportement des entreprises installées par l’Aderly (lire ci-dessous). Il s’agit de modéliser leurs retombées économiques en mesurant le nombre d’emplois créés et pérennisés ainsi que leur contribution économique au PIB du territoire.
Un volet portant sur l’analyse de l’empreinte carbone des entreprises et un autre sur celle de la résilience économique et inclusive du territoire viennent en appui des retombées. Il ne restera plus qu’à croiser l’ensemble de ces données pour aller chercher les acteurs qui font défaut au territoire afin de conduire un développement économique local plus vertueux. Mais aussi bien plus contraint.
Plus de 10 000 emplois créés en neuf ans
La première analyse du baromètre de mesure d’impact a porté sur la période 2010-2019, durant laquelle l’Aderly avait accompagné 884 installations d’entreprises, dont 569 étaient toujours actives en fin d’année dernière. En réalisant 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires, elles ont permis de créer 10 400 emplois et de générer 2,5 milliards d’euros de contribution au PIB. Ces entreprises se sont par ailleurs acquittées de 54 millions d’euros de taxes directes. Elles ont également réalisé 830 millions d’euros d’achats en dix ans, dont près de 600 millions en local. C’est ce dernier ratio que la mesure d’impact devrait permettre surtout d’améliorer, en mettant l’accent sur l’accueil d’entreprises capables de répondre aux besoins de leurs pairs.
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