Quels sont les principes de l’économie comportementale ?
La science économique offre une façon de comprendre les décisions des gens de façon simplifiée mais universelle. Grâce à l’apport de la psychologie, des sciences cognitives et des neurosciences, l’économie comportementale enrichit la représentation de la prise de décision et de son contexte. Elle est connue grâce au « nudge » (techniques d’influence douce qui cherchent à modifier les comportements plus sûrement que des lois, ndlr), dont l’exemple typique est l’ordre de présentation des plats dans une cafétéria afin que les gens mangent sainement.
Quel est le rapport avec les politiques publiques ?
L’économie comportementale est le cadre naturel pour réfléchir aux outils d’intervention publique qui visent un changement de comportement et l’efficacité. Prenons un exemple à partir de l’incitation financière. Dans une crèche, on met en place des amendes pour les parents retardataires, mais les retards augmentent. Pourquoi ? Les parents venaient chercher leurs enfants à l’heure par respect pour les employés, ce qui relève d’une motivation intrinsèque. L’amende crée une motivation extrinsèque, qui ne rend plus pertinentes les raisons intrinsèques.
Comment les collectivités peuvent-elles utiliser ces connaissances ?
Le comportement des autres influence nos décisions. Dans les politiques environnementales, l’effet des normes sociales est mobilisable pour promouvoir des comportements plus protecteurs, par exemple en comparant la consommation d’eau ou la production de déchets des ménages.
Quelles sont les limites des solutions proposées ?
On comprend bien les réactions associées aux interventions, mais moins bien leur diversité. C’est un risque : les politiques publiques peuvent produire une amélioration moyenne, qui se révèle positive pour certains et négative pour d’autres.
Par ailleurs, les politiques publiques comportementales sont souvent les politiques « du dernier kilomètre », indispensables pour appréhender le paramétrage fin. En matière de mobilités, par exemple, l’économie comportementale intervient à la fin, sur la disponibilité des transports ou la transmission de l’information.
On lit aussi des critiques sur la durabilité des solutions, l’individualisme, le paternalisme…
Ces limites sont adressées à l’approche par les « nudges » et relèvent de débats internes à la science économique. Ceci posé, la durabilité des effets est une question légitime. Mais elle n’est pas plus criante que pour d’autres outils comme les quotas dans les politiques d’égalité.
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