[Isère 1,27 million d’hab.] « Ce voyage a été très positif, autant humainement que professionnellement », s’accorde à dire Alizée Soullier, coordinatrice de la cellule « MNA » de l’Isère. En novembre 2019, la quasi-totalité du service boucle ses bagages : la coordinatrice, cinq référents sociaux et la gestionnaire administrative. Preuve que ce déplacement suscite l’intérêt…
En effet, un flux important de jeunes migrants arrive depuis la Sicile. Sur cette île, ils séjournent dans des établissements différents selon qu’ils sont majeurs ou mineurs. Une fois en Isère, certains tentent de se faire passer pour mineurs afin de bénéficier d’une prise en charge du département. Ne connaissant pas la réalité de terrain, la cellule « MNA » peine « à démêler le vrai du faux dans les récits qui varient, concède Mabrouk Benhacène, référent “MNA”. Nous disposions d’informations sur internet, mais qui ne nous paraissaient pas fiables ». Un déplacement in situ s’est imposé.
« Ce déplacement représentait plusieurs enjeux, récapitule Emmanuelle Joseph, cheffe du service “accueil en protection de l’enfance”. Mettre sur pied une analyse partagée de la mission d’évaluation, s’inspirer des bonnes pratiques de l’Italie et générer de la cohésion d’équipe. » En place depuis 2017, la cellule « MNA » est récente. Pour faire face à une hausse spectaculaire d’arrivées de jeunes migrants, entre 2017 et 2018, trois collaborateurs sont recrutés.
Gonflés à bloc
A leur retour de Palerme, les Isérois sont gonflés à bloc, avec l’envie de monter plusieurs projets inspirés de la Sicile. Ils ont trouvé remarquable le système de tutorat développé pour accompagner les jeunes migrants « dans cette région pourtant relativement pauvre », note Mabrouk Benhacène.
Les associations proposent des cours d’italien, des visites culturelles aux jeunes migrants. Ces derniers ont accès aux clubs sportifs. Pour leur part, les Isérois projettent de se rapprocher des lycées pour faire émerger des liens entre jeunes Français et jeunes étrangers, et monter du tutorat entre lycéens. « On avait déjà le sentiment qu’il fallait développer ce genre de soutien. Cela a été confirmé par ce séjour », étaye Emmanuelle Joseph.
Pour organiser ce voyage, le service « Europe » de l’Isère s’est tourné vers le programme européen Erasmus +. Ce dernier finance des projets de mobilité ayant vocation à former les jeunes comme les adultes. Le département a pris attache en janvier 2019 auprès du service « promotion et animation » d’Erasmus +, qui l’a guidé dans ses démarches. En février, le dossier isérois assorti de sa demande de financement a été déposé dans le cadre de l’appel à candidatures annuel d’Erasmus +.
Plateforme d’Erasmus +
« Dès le dépôt du dossier, le porteur de projet doit avoir trouvé ses partenaires à l’étranger », précise Estelle Duprat, chargée de développement du programme européen. Comment ? Par exemple, via la plateforme de partages d’expériences d’Erasmus +. Par ce biais, la cellule « MNA » a identifié un organisme italien spécialisé dans les projets de coopération européenne, qui l’a mise en contact avec des associations, cabinet d’avocats ad hoc. Ce même organisme s’est occupé de l’hébergement. En juin, Erasmus + a donné son feu vert. Il restait à caler les dates.
Un détail à anticiper : la maîtrise de la langue. Par chance, Mabrouk Benhacène parle l’italien et a pu assurer la traduction. Le cas échéant, le groupe pouvait faire appel à un interprète, ainsi qu’à des préparations linguistiques en amont du voyage pris en charge par Erasmus +.
Contact : Emmanuelle Joseph, cheffe du service « accueil en protection de l’enfance », emmanuelle.joseph@isere.fr
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