[Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) 44 800 hab.] Bel-air est un quartier à forte concentration de logements sociaux, avec des habitants plutôt défavorisés, séparé par une nationale de la partie aisée de Saint-Germain-en-Laye, commune bourgeoise des Yvelines. En 2018, les équipes municipales font le constat partagé avec leurs partenaires – département, mission locale, bailleurs sociaux, associations – que les incivilités se renforcent et les réclamations augmentent.
« On a souhaité apporter quelque chose d’innovant pour stimuler les solidarités comme vecteur du vivre-ensemble », se souvient Aurélie Pasquier, directrice de la solidarité. Le projet Axiom repose ainsi sur trois piliers – une charte d’engagement républicain, des ambassadeurs du mieux vivre-ensemble et deux espaces dédiés aux rencontres et aux activités.
Un appartement témoin
« Si l’on est bien chez soi, on l’est également dans son environnement extérieur. Nous avons décidé de voir ce qu’il se passe à l’intérieur du logement », confie Paul Joly, maire adjoint, chargé du logement, de l’inclusion et de la ville de demain. La municipalité décide donc de mettre à la disposition des habitants un appartement où ils pourraient appréhender les façons de le meubler, de l’entretenir, de l’habiter tout simplement. En mai 2019, le principal bailleur social, Immobilière 3F, propose un deux-pièces avec balcon dans un immeuble en cours de rénovation. Ce sera le « 6C ».
« Avec l’aide de Carmen de l’association So Créatives, des habitants l’ont customisé façon années 70 », relate Aurélie Pasquier. Divers ateliers s’y déploient – décoration, surcyclage, couture, cuisine, bricolage, relaxation. Grâce au soutien financier du département, la ville rémunère ces activités démarrées de façon bénévole. Mais la pandémie met temporairement fin à cette belle aventure. Entretemps, dans le cadre de la labellisation du Bel-Air en écoquartier (niveau 3), en novembre 2019, la ville inaugure une maison des projets. Elle accueille les activités lorsqu’elles reprennent en février 2021, la jauge du 6C étant trop petite. Cependant, quelques ateliers s’y tiennent encore, filmés par Paul Joly, vidéaste chevronné, et retransmis sur Youtube.
Des ambassadeurs
Afin de mobiliser davantage les habitants, la ville décide de recruter des ambassadeurs, « des tisserands », selon l’expression de l’élu, dont la mission est de recréer le lien social, de sensibiliser au bon voisinage, de favoriser les solidarités de proximité.
Parmi la quinzaine d’ambassadeurs, Christian, retraité, témoigne : « J’ai grandi dans les quartiers nord de Marseille, j’ai bénéficié de coups de pouce et, aujourd’hui, j’aimerais renvoyer l’ascenseur. J’essaie de mettre en contact les personnes, de créer de la confiance. Je distribue des brochures aux parents à la sortie des écoles. J’informe et j’aide les gens dans leurs démarches. » Les ambassadeurs sont particulièrement mobilisés lors de la Fête des voisins qui se tient deux fois par an, en juillet et en décembre, et qui concrétise l’ambition d’Axiom.
Contact : Aurélie Pasquier, aurelie.pasquier@saintgermainenlaye.fr
« La charte comporte des messages de tolérance »
Aurélie Pasquier, directrice de la solidarité
« L’un des piliers d’Axiom, c’est la charte d’engagement républicain, signée entre la ville et les locataires. Rédigée selon la méthode “facile à lire et à comprendre” [Falc], elle comporte des messages de tolérance, des suggestions du bien vivre-ensemble au sein d’un espace commun. Nous la faisons signer aux locataires du contingent municipal, soit 185 logements sur les 916 du parc social. Afin de lui donner tout son poids, la signature de la charte se déroule lors d’une cérémonie officielle dans la salle des mariages de l’hôtel de ville. Nous sensibilisons Action logement et la préfecture pour faire de même au sein de leurs contingents. Les bailleurs sociaux sont partants pour étendre la démarche à tout leur patrimoine.
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