[Annecy (Haute-Savoie) 130 700 hab.] Quand les résultats ne sont pas bons, mieux vaut se remettre en question. Probablement maintes fois répétée aux élèves de l’école Vallin-Fier à Annecy, cette morale s’applique désormais au bâtiment lui-même. Cela fait plusieurs années que le système de chauffage géothermique en place inquiète. La masse de terrain qui accueille dix-huit sondes a vu sa température diminuer, ce qui a affecté les performances des pompes à chaleur chargées d’y piocher des calories, puis d’en rehausser la température.
« Cela est sans doute lié à un problème de dimensionnement de la consommation au moment de la conception », souligne Fabrice Buzio, coordinateur des questions énergétiques de la ville. Annecy a, un temps, envisagé un arrêt pur et simple de l’installation. Mais dans l’éducation, rien n’est jamais perdu. L’ajout d’une toiture solaire permettra finalement de sauver la mise. Désormais, 78 mètres carrés de panneaux produiront l’eau chaude sanitaire dont le bâtiment a besoin. Quand les élèves ne sont pas là et que la demande est faible, en particulier lors de la trêve estivale, ils seront surtout mis à contribution pour réchauffer le sol en prévision de l’hiver.
Couplage expérimental
Ce concept de stockage intersaisonnier commence à émerger (en s’appuyant sur le solaire ou en valorisant la chaleur accumulée par le bitume de certaines routes, par exemple). Mais il doit faire ses preuves. A Annecy, la ville s’est associée à l’entreprise Storengy. La filiale d’Engie cherchait un site pour démontrer la faisabilité de ce couplage solaire-géothermie. Elle a besoin d’évaluer in situ la capacité de tampon du sol et d’apprendre à optimiser la gestion d’un tel système.
Ce développement technologique pourrait, demain, être utilisé sur d’autres installations en perte de vitesse, comme sur des sites urbains en manque d’espace. Pour éradiquer le fioul de son territoire sans privilégier la solution gaz, la ville d’Annecy se dit attentive à cette possibilité de sous-dimensionner certaines installations géothermiques en misant directement sur un complément solaire. Si ce couplage a un intérêt à l’échelle du bâtiment, il a un avenir, par ailleurs, dans les réseaux de chauffage urbain où le solaire thermique est sous-utilisé.
Au-delà de la technique
En attendant, ce projet devra faire ses preuves techniquement. Il permettra aussi de parfaire quelques pratiques administratives et financières. En théorie, l’installation de Vallin-Fier avait déjà bénéficié des aides auxquelles elle avait droit (au moment de sa création). Il a donc fallu trouver des solutions pour payer les panneaux, la modification du système hydraulique et les deux forages supplémentaires réalisés pour mesurer la température du sous-sol. « Nous avons réussi à travailler avec l’Ademe pour que ce démonstrateur soit compatible avec ses critères de subvention », se félicite Sandra Moro, experte en géothermie chez Storengy.
Contact : Fabrice Buzio, coordinateur des questions énergétiques, fabrice.buzio@annecy.fr
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