[Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) 80 agents • 6 900 hab.] Responsable du service d’urbanisme d’Ustaritz, Jean-Yves Inchausti en est à sa quatrième (et dernière) année de formation à la langue basque (l’euskara). Des cours financés par sa ville et la communauté d’agglomération du Pays basque (158 communes, 1 100 agents, 312 300 hab.) qu’il suit à un rythme d’une demi-journée par semaine, plus trois sessions de quatre jours consécutifs par an.
« N’ayant de la langue que des bases très légères, j’ai voulu profiter de l’opportunité qui m’était donnée. A titre personnel, je trouvais cette formation enrichissante. Par ailleurs, dans le cadre du travail, je reçois régulièrement du public qui engage la conversation en basque et je produis des écrits en basque, puisque tous nos documents sont bilingues, précise Jean-Yves Inchausti. Nous avons bien sûr l’appui d’un service de traduction au sein de l’agglo, mais mon niveau de basque me permet désormais de répondre à des emails simples ou d’envoyer des convocations pour des réunions sans avoir à le solliciter », témoigne-t-il.
Appropriation de l’euskara
Selon la communauté d’agglomération, 41 % des élèves du primaire du territoire suivent un enseignement bilingue, tandis que près de la moitié des bascophones ont plus de 50 ans et que seulement 16 % des 25-49 ans maîtrisent la langue. C’est donc pour faciliter l’appropriation du basque que l’intercommunalité accompagne les communes volontaires à intégrer l’euskara dans le fonctionnement de leurs services mais aussi à former leurs agents.
« Nous avons démarré le programme de formation en 2014, et nous nous apprêtons à signer un nouveau contrat de progrès avec la communauté d’agglomération, qui nous permet de financer les formations à parts égales avec l’interco. Les montants varient selon le nombre d’agents engagés », commente Nikolas Blain, adjoint au maire d’Ustaritz chargé de la communication. C’est, notamment, l’organisme de formation AEK qui en a la charge. Les agents sont formés en petits groupes avec d’autres agents, mais pas forcément ceux de leur collectivité.
Pas que des seniors
Patricia Trounday est responsable de la médiathèque de la commune. Bascophone grâce à une transmission familiale surtout orale, elle a suivi des cours il y a déjà plusieurs années. « Accueillir le public en basque marque un respect de l’identité sur un territoire où certains ne parlent que cette langue. Et il ne s’agit pas que de personnes âgées. Il est important, lorsque nous accueillons des classes bilingues, que les élèves entendent parler la langue usitée en dehors de l’école », estime-t-elle.
« Nous visons des services 100 % bilingues »
Nikolas Blain, adjoint au maire chargé de la communication
« Le précédent contrat de progrès prend fin cette année, au cours de laquelle cinq agents sont en formation. Mais nous en avons compté, certaines années, dix ou onze. Dans la perspective du prochain contrat de progrès, nous nous attachons à redéfinir nos objectifs service par service. Par exemple, nous sommes en train de regrouper tous les services dans une mairie centrale avec un guichet unique : si le service d’accueil compte déjà deux ou trois agents bascophones, il pourra être considéré comme un service bilingue, sans besoin de formation supplémentaire
Nous visons des services 100 % bilingues, notamment dans ceux en contact avec la population, comme l’accueil, la médiathèque… Mais globalement, toutes les fonctions de secrétariat sont amenées à rédiger des emails en basque ou la police à prendre des arrêtés en basque. Tout agent est donc susceptible d’être concerné. »
Un soutien de la communauté d’agglomération
Dans le cadre de sa politique linguistique en faveur du basque, la communauté d’agglomération du Pays basque soutient la formation de ses agents et de ceux de ses communes membres. En 2021, près de 90 agents des communes et de l’agglomération étaient ainsi en formation, un chiffre stable depuis la création de l’intercommunalité en 2017. Cette démarche mobilise un budget d’environ 250 000 euros de frais pédagogiques, chaque année. Par ailleurs, une équipe de treize agents accompagne les mairies dans la mise en œuvre des contrats de progrès et autres plans de promotion de la langue basque. Un appui à la traduction dans les éléments de signalétique, de communication et d’information aux habitants leur est aussi proposé.
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