Orienter les personnes qui connaissent une situation difficile, c’est la mission de Soliguide, accessible sur une plateforme web ou grâce à une application mobile. L’outil, gratuit et proposé en plusieurs langues, est accessible aussi bien aux bénéficiaires de l’aide sociale qu’à leurs accompagnants. Il permet de géolocaliser plus d’une cinquantaine de catégories de services en quelques clics : les structures sociales d’urgence, des ressources utiles comme des permanences juridiques, bagageries et cours de français, etc. Les résultats peuvent être filtrés en fonction des personnes à orienter et de leur statut : demandeurs d’asile, femmes victimes de violence… Leurs attentes ne sont pas forcément les mêmes.
En déploiement national
« J’ai constaté, alors que je réalisais des maraudes pour des associations, que les personnes sans abri avaient besoin d’être renseignées pour trouver des distributions alimentaires, un accueil de jour… » expose Victoria Mandefield, fondatrice et directrice générale de l’association Solinum, qui a développé ce guide. Sauf qu’il est compliqué de les orienter parce que des structures ferment ou changent leurs horaires, d’après son expérience. « A force d’être baladées à droite et à gauche, elles risquent de perdre confiance dans l’action sociale », craint-elle. L’association Solinum, créée en 2016, réalise un sondage qui révèle que 71 % des personnes à la rue possèdent un smartphone, qui permet à la moitié d’entre elles de se connecter à internet tous les jours. « Cela nous a confortés dans l’idée de lancer Soliguide », poursuit-elle.
Le service, en plein déploiement national, est disponible dans 16 départements et la métropole de Strasbourg, et compte une trentaine de salariés… Dans chaque territoire, l’un d’entre eux est chargé de collecter les données de référencement, de les mettre à jour et de promouvoir l’outil auprès des professionnels et des bénévoles de l’action sociale. Le déploiement de Soliguide est financé par les collectivités et l’Etat, à hauteur de 700 000 euros en 2020.
Participation des bénéficiaires
Victoria Mandefield précise : « Notre solution est élaborée en coconstruction avec les bénéficiaires de l’outil. Quand nous arrivons sur un territoire, nous organisons des ateliers auxquels les collectivités sont invitées, et l’Etat, les associations, les collectifs qui déterminent les priorités du déploiement, le quartier, les services… » C’est ainsi que des besoins de référencement se font jour.
« Lorsque nous sommes arrivés à Nantes, les acteurs locaux de l’action sociale et les personnes en situation de précarité nous ont signalé que de nombreuses structures n’acceptaient pas les animaux de compagnie, détaille-t-elle. Nous avons donc ajouté un filtre qui permet d’identifier rapidement celles qui les admettent. Et nous nous sommes rendu compte que cette fonctionnalité est utile partout en France. »
Contact : Alexandra Lefeivre, responsable de la communication, alexandra@solinum.org
« Nous nous concentrons sur un secteur très rural »
Olivier Levent, chef du service « action sociale logement » de l’Ardèche
« La commissaire régionale à la lutte contre la pauvreté de la région Auvergne – Rhône-Alpes a lancé un appel à manifestations d’intérêt en avril 2021 pour le déploiement de Soliguide. Nous avons été lauréats avec différents partenaires. Nous souhaitons déployer cet outil pour qu’il serve à tous les Ardéchois, les publics à la rue, mais aussi les habitants en grande difficulté. L’objectif est qu’il soit opérationnel à la fin de cette année. Nous nous concentrons sur un territoire témoin, très rural, au Sud-Ouest du département, où il y a une très grande précarité et où peu de structures travaillent sur l’emploi et l’insertion. Il concentre les plus forts taux de RSA et de chômage. Il y a aussi des problèmes de mobilité, thème dont nous souhaiterions qu’il soit mieux référencé dans Soliguide. »
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