Et si le danger était ailleurs ? Alors que les candidats à la présidentielle s’étrillent à coups de petites phrases sur la montée des communautarismes et les dangers du séparatisme, Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et membre du centre de recherches politiques de Sciences-po, le Cevipof, jette, avec son dernier ouvrage « Les Raisons de la défiance » (Presses de Sciences-po, janvier 2022), un pavé dans la mare et pointe du doigt un risque bien plus grand : l’absence totale, pour près de la moitié de la population française, de tout sentiment d’appartenance à une communauté, qu’elle soit nationale, régionale, linguistique, religieuse, d’origine, ou même de goûts.
« Si la République est menacée, elle l’est sans doute plus par cette anomie que par le séparatisme », prévient le politologue. Car c’est bien cette anomie, terme créé par Emile Durkheim dans son ouvrage fondateur « Le Suicide. Etude de sociologie » (1897) désignant la désorganisation sociale liée à la disparition de valeurs communes à un groupe. qui explique la défiance des Français à l’égard de la politique. « La crise sanitaire a mis à l’épreuve le modèle sociopolitique français , écrit le chercheur. La France a bien su confirmer qu’elle était le pays de la défiance politique en Europe. »
Le mal est ancien et profond, en témoignent les manifestations contre le passe sanitaire, la crise des « gilets jaunes », la hausse des agressions contre les élus ou encore l’explosion des taux d’abstention ...
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