André Altmeyer, directeur général adjoint et directeur de la stratégie des Apprentis d’Auteuil
Véronique Devise, présidente du Secours catholique Caritas France
Vincent Posada, vice-président national de la Croix-Rouge française et président de la commission « action des territoires »
Antoine Sueur, président d’Emmaüs France
Françoise Lareur, présidente de la Fondation d’entreprise du groupe Macif
Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoires zéro chômeur de longue durée
La mobilité est la première marche de l’accès aux droits : sans pouvoir se déplacer, comment trouver un travail ou aller chez le médecin ? Chaque jour, les acteurs de nos associations sont confrontés à la complexité des problématiques de mobilité des plus précaires : éloignement des équipements, commerces ou services, maillage et qualité des infrastructures de transport, coût, facteurs psychologiques et culturels, sentiment d’insécurité, isolement, etc. Comme le montre l’étude « Expériences de mobilité solidaire » menée auprès de trente personnes accompagnées au sein de nos dispositifs de solidarité, les freins à la mobilité se cumulent et se renforcent, sans que les solutions classiques puissent y répondre.
Intégration sociale, économique et spatiale des personnes
Aujourd’hui, il ne suffit plus de « réparer » ce qui dysfonctionne, mais bien d’inventer pour tous de nouvelles façons de se déplacer, collectives, participatives, inclusives, en accord avec les enjeux environnementaux. Les problématiques de mobilité dépassent le simple empêchement de déplacement. Elles renvoient plus profondément à l’intégration sociale, économique et spatiale des personnes. La compétence « mobilité » doit être exercée en transversalité avec les autres politiques publiques.
Pour cela, la loi d’orientation des mobilités (du 24 décembre 2019, ndlr) offre l’opportunité de repenser les collaborations entre acteurs publics, privés, associatifs et citoyens, de façon à bâtir ensemble des solutions accessibles à tous : garage solidaire, autopartage ou transport solidaire, auto-école sociale, dispositifs itinérants, ateliers vélos, etc. Il n’existe pas une solution, mais bien une large gamme qui doit être pensée à partir de leur complémentarité et de leur capacité à répondre aux besoins.
Capacité à mobiliser des ressources hybrides
Nous, acteurs de la mobilité solidaire, sommes parties prenantes de la dynamique d’innovation sociale et territoriale touchant les actions de mobilité. Nous sommes au cœur des solutions de demain, par notre approche globale de la mobilité, notre capacité à mobiliser des ressources hybrides (bénévolat, financements privés et publics…), notre expertise pour créer des solutions accessibles à tous et par notre souci de nous inscrire dans des temporalités plus longues et sans recherche d’une lucrativité.
Notre souhait à long terme : permettre à tous, notamment aux plus vulnérables, de disposer d’une liberté et d’un choix dans leurs déplacements tout en inventant des modèles collectifs de mobilité responsable. Pour cela, il faut diminuer la dépendance à la voiture individuelle – facilitant ainsi le développement des infrastructures collectives de transport et de nouveaux moyens de mobilités partagées – et reconquérir les services de proximité. Et quand la voiture individuelle reste l’unique possibilité pour se déplacer sur son territoire, mettre en place les dispositifs permettant à chacun d’avoir accès à un véhicule plus propre.
Chacun possède un morceau de ce puzzle à construire, et aucun changement vers une politique de mobilité durable et inclusive ne pourra se faire sans toutes ces pièces !
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