N’en doutons pas, la campagne présidentielle qui s’ouvre ne tranchera pas avec les précédentes. A coup sûr, l’insécurité se hissera au rang des priorités des candidats déclarés. Avec ses excès habituels et une surenchère de propositions spectaculaires. D’ores et déjà, certains veulent « ressortir le Kärcher de la cave », quand d’autres menacent de suspendre « les allocations familiales aux élèves perturbateurs ». Le chef de l’Etat, bien qu’il ne soit pas encore officiellement candidat, vante son bilan et promet un plan d’action basé sur un renforcement significatif des moyens policiers.
Polices municipales
De façon moins attendue, lors d’un déplacement à Nice, le 10 janvier, il s’est également dit prêt à « aller plus loin » dans l’élargissement des compétences des polices municipales, sollicitant même une « position » de l’Association des maires de France sur le sujet, car c’est aux élus « de porter la chose ».
Maladroite, la déclaration a aussitôt électrisé les élus locaux. Dans un communiqué teinté d’amertume, les maires rappellent que leurs multiples propositions se sont toujours heurtées au mutisme du gouvernement. Dernier exemple en date : le Beauvau de la sécurité, grande consultation distillée sur toute l’année 2021, a ni plus ni moins fait l’impasse sur l’avenir des PM. Fait rarissime, l’ensemble des associations d’élus avaient alors tenté de forcer la porte en adressant au gouvernement une contribution commune… restée lettre morte. Concernant l’extension des prérogatives de PM, le communiqué appelle, non sans ironie, le chef de l’Etat à respecter la jurisprudence du Conseil constitutionnel, qui s’y est systématiquement opposé.
Rôle du maire
Au-delà de l’agacement justifié des élus locaux, certains d’entre eux s’interrogent. Faut-il voir dans l’impair présidentiel une méconnaissance des dossiers ? Ou un mépris déguisé de la compétence des élus ? Depuis de nombreuses années, le débat sur le rôle du maire dans le champ de la sécurité n’avance pas. En dépit des discours formatés sur un prétendu continuum de sécurité, rien ne bouge. Pourtant, on ne compte plus les rapports qui exigent une clarification des rôles et des missions. Mais l’exécutif, impassible, détourne le regard. Gageons que le couac niçois servira de leçon, la campagne ne fait que commencer.
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