Un an après le lancement de la plateforme des collectivités solidaires, SOS Méditerranée est satisfaite : 79 collectivités soutiennent désormais l’ONG dans son combat pour ne laisser personne mourir en mer. Car le travail est colossal : selon l’Organisation internationale pour les migrations, dépendant de l’ONU, plus de 23 300 personnes ont disparu en Méditerranée depuis 2014. Depuis le 1er janvier, 31 migrants sont décédés, et l’année 2021 a été la pire depuis 2017 pour le nombre de disparus en mer…
14 000€ par jour
Une journée en mer avec l’Ocean Viking coûte 14 000 €. Cela comprend les coûts liés à l’affrètement du navire, le fuel, les équipes à bord, la logistique et les équipements, les escales, l’assurance. Les dons proviennent majoritairement des citoyens mais la région Occitanie et la ville de Paris font partie des donateurs depuis 2016.
En 2018, l’ONG fait face à une forte augmentation du nombre de migrants alors que l’Italie lui ferme ses ports, les difficultés augmentent. « Nous avons donc fait de nombreuses actions de sensibilisation, beaucoup d’élus locaux y prenaient la parole », raconte Bérengère Matta, responsable de la mobilisation des collectivités au sein de SOS Méditerranée. L’idée de les solliciter commence à germer.
« Sauvetage inconditionnel »
Le vote, en 2019, d’une subvention d’un million d’euros au sauvetage en mer par le conseil départemental de Loire-Atlantique est un vrai booster. Cette somme est répartie également entre la SNSM et SOS Méditerranée.
« Il est insupportable de voir que des milliers de personnes meurent en mer. Le sauvetage en mer doit être inconditionnel », explique simplement aujourd’hui Michel Ménard, président (PS) du CD 44, pour motiver la décision de son prédécesseur, Philippe Grosvalet. « Une vie est une vie. A partir du moment où des personnes sont en danger, il faut les sauver », ajoute-t-il.
« En juillet 2020, Philippe Grosvalet a envoyé un courrier à toutes les collectivités de plus de 50 000 habitants, de toute couleur politique, cela a lancé le mouvement », complète Bérengère Matta. Fin 2020, 28 collectivités soutenaient SOS Méditerranée, les 28 premiers membres de la plateforme des collectivités solidaires le 21 janvier 2021.
Vote de subvention
Pour une collectivité, intégrer la plateforme veut d’abord dire soutenir financièrement SOS Méditerranée, mais les montants sont parfois symboliques. La ville de Castex, dans l’Ariège, n’a ainsi donné que 50€ en 2021, mais cela représente 0,50€ pour chacun des 90 habitants. Bien plus que les 0,04€ par habitants des Paris, dont l’aide s’élève pourtant à 100 000€ !
« Nous demandons toujours que le soutien passe aussi par une subvention, peu importe le montant. Cela oblige les collectivités à voter la décision et donc à en débattre… Il y a parfois des échanges vifs ! » souligne Bérengère Matta. Dans certaines villes, des élus ou des sympathisants du RN ont d’ailleurs attaqué la subvention au tribunal administratif.
« Au-delà des élus, ce vote permet aussi la transparence envers les citoyens et peut les sensibiliser à notre action », ajoute la responsable de l’ONG. La plupart des collectivités utilisent aussi sa communication officielle pour présenter l’action de SOS Méditerranée. « La ville de Saint-Nazaire nous a ainsi permis d’être au départ de la Transat Jacques Vabre, ce qui nous a permis de toucher beaucoup de personnes », rapporte Bérengère Matta.
Plateforme non partisane
Pour cette nouvelle année, l’ONG ambitionne de consolider les partenariats déjà en place et d’en nouer de nouveaux. Avec une volonté : que la plateforme ne soit pas vue comme partisane. « Nous aimerions que les couleurs politiques des collectivités adhérentes soient plus diversifiées », détaille la responsable. Et pour lever les réticences potentiels, l’ONG a lancé en décembre une newsletter trimestrielle pour les collectivités avec des chiffres-clés et des éléments de langage pour outiller celles qui s’engagent auprès d’elle.
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