Qui aurait pensé qu’accueillir 2 700 personnes dans un pays comme la France aurait posé problème ? « On se gargarise beaucoup, alors que le nombre est très faible au regard de la situation catastrophique en Afghanistan », estime Damien Carême, député européen (écologiste) et coprésident de l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). S’il ne s’agit pas encore d’obstacles, on peut déjà évoquer des lenteurs d’autant plus incompréhensibles que la situation de ces personnes était marquée par l’urgence.
Le délai d’instruction arrive à son terme
Mi-août, lors de la prise de la capitale afghane par les talibans, une vingtaine de villes se sont portées volontaires pour leur offrir leur hospitalité, illustrant par là une tendance européenne et mondiale – les collectivités sont de plus en plus désireuses de prendre part à l’accueil des migrants, même s’il relève en général des politiques régaliennes. L’Etat avait douché cet élan de générosité : après un « sas sanitaire », les personnes allaient être prises en charge par le dispositif national d’accueil destiné aux demandeurs d’asile.
Alors que le délai légal de six mois pour l’instruction de la demande d’asile arrive à son terme en ce mois de janvier, et que l’Etat s’était engagé à traiter cette demande de façon prioritaire, moins de la moitié des personnes ont obtenu à ce jour leur statut de réfugié, selon le délégué interministériel à l’accueil et à l’intégration des réfugiés.
Sylvain Mathieu, le délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), était venu rencontrer les adhérents de l’Anvita, le 19 octobre. Il avait sensibilisé les élus locaux à la nécessité de trouver des logements pour les réfugiés Afghans, correspondant à des critères de salubrité et de confort. Le temps des collectivités devait venir en ce mois de janvier. « Les villes se mobilisent, recensent des logements vides, les font remonter aux préfets ou à la Dihal. Il y en avait au moins 300 fin octobre. Cependant, nous venons d’avoir des nouvelles de l’Etat, qui demande une mise à disposition gratuite. En somme, les collectivités territoriales sont appelées à payer des loyers, là où l’Etat doit les prendre en charge financièrement, puisque la question relève de ses compétences », s’indigne Damien Carême.
Les métropoles très demandées
Environ 700 Afghans ont réussi à se loger actuellement, grâce à la mobilisation de collectivités, d’associations et de structures culturelles. « Les élus locaux font un gros travail, mais s’il faut trouver 2 000 logements dans des territoires en tension comme Paris, Lyon, Strasbourg ou Bordeaux, ce ne sera pas facile », estime Damien Carême. Car la plupart de ces réfugiés étant artistes, journalistes, médecins ou chercheurs, ils se tournent d’emblée vers les métropoles. « Si l’on attend de trouver un logement social dans les grandes villes, ce sera compliqué. Je prône, quant à moi, l’hébergement temporaire, le temps de trouver des solutions plus pérennes », ajoute-t-il. En tout état de cause, l’élan pour l’accueil des Afghans semble s’être quelque peu enrayé.
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