[Houplines, 120 agents, 7 800 hab., Nord] Avec des cultures professionnelles différentes, la cohabitation de personnels de deux administrations n’est pas simple. Encore moins quand elle est quotidienne, comme c’est le cas pour les Atsem et les enseignants. Pour peu que se greffent des problèmes relationnels, et le risque est grand de voir le climat social se dégrader.
C’est ce qui est arrivé dans les deux écoles maternelles d’Houplines, où la tension montait et les absences d’Atsem se répétaient. Une situation dégradée qu’un baromètre du bien-être au travail mené en 2016-2017, ainsi que des entretiens professionnels et de médiation ont permis de caractériser.
Afin d’améliorer les conditions de travail des Atsem, la collectivité a d’abord établi, fin 2017, une charte qui leur était dédiée, en collaboration avec les directions des écoles maternelles, destinée à clarifier leurs tâches, leurs missions et leur rôle aux côtés des enseignants. « Ce document-cadre a été signé par l’inspection d’académie et le maire », note Guillaume Deberdt, l’ancien directeur général des services d’Houplines.
Déconstruire les a priori
Le travail s’est poursuivi à travers des échanges avec toutes les parties prenantes, d’où a émergé l’idée d’une coformation pour améliorer la communication entre les Atsem et les enseignants. « Nous avons pensé à des groupes d’échange de pratiques. Il y avait besoin de déconstruire les a priori des uns et des autres », indique Guillaume Deberdt.
Après qu’a été acté le principe d’une coformation, Delphine Moretti, responsable du service « vie scolaire et périscolaire » (lire ci-dessous), a travaillé avec la conseillère pédagogique de l’inspection académique pour définir le besoin. « Puis nous avons édité un cahier des charges pour le CNFPT, validé par les instances pédagogiques de l’Education nationale », souligne-t-elle.
La formation s’est déroulée dans une salle municipale, durant trois demi-journées. La première a été organisée début 2020, les deux autres en 2021. « Les ateliers ont eu lieu le mercredi matin. Rien que ça, c’était déjà un pas de fait ! » observe Guillaume Deberdt. La formation s’est articulée autour des problématiques métiers, des pratiques de chacun, de la recherche de modalités organisationnelles et communicationnelles favorisant la coopération.
Dynamique de groupe
En parallèle, la collectivité a fait appel à une ergonome qui est intervenue dans les classes pour aider Atsem et enseignants à adapter leurs gestes et postures, dans un environnement pensé pour des enfants. Du matériel ergonomique, des chaises notamment, a également été acheté par le biais du budget « investissement » de la caisse des écoles. Dans une vidéo tournée par la Mutuelle nationale territoriale – la ville est lauréate du Prix santé et mieux-être au travail 2021, dans la catégorie « santé au travail et acteurs du territoire » –, l’une des dix Atsem, Sylvie Plateel, rapporte que cette coformation a permis de se « mettre au même niveau que les enseignants », « de pouvoir leur dire des choses » et « de comprendre qu’on était complémentaires ». « Il y avait des non-dits en suspens. La formation a permis d’apaiser le climat social, de souder les équipes et de créer une dynamique de groupe », confirme Guillaume Deberdt.
« Un dialogue et un climat de confiance se sont installés »
Delphine Moretti, responsable du service « vie scolaire et périscolaire »
« Cette coformation a fait beaucoup de bien aux Atsem qui ont pu s’exprimer librement sur leurs problématiques via un intermédiaire neutre, le CNFPT, mais aussi comprendre les contraintes des enseignants. La parole s’est libérée et chaque professionnel n’a désormais plus peur d’interroger l’autre.
Les Atsem ont trouvé leur place et du sens à leur travail auprès des enfants. Un dialogue et un climat de confiance se sont installés dans chaque école, et un nouveau lien s’est établi entre la collectivité et les directions des établissements. J’ai régulièrement les directrices au téléphone. Depuis la coformation, nous avons institué des réunions d’équipes, à chaque période scolaire, durant lesquelles nous décidons de notre fonctionnement commun. Le bilan est vraiment très positif. Nous avons d’autres projets d’aménagement de classe pour parfaire le bien-être au travail de l’ensemble de l’équipe pédagogique. »
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