C’est à Nice, dans la cour du futur hôtel des polices qui regroupera en 2025 les polices nationale et municipale, une première en France, qu’Emmanuel Macron a choisi lundi 10 janvier de réinvestir l’un des thèmes régaliens phares de la campagne présidentielle : la sécurité.
A trois mois de l’élection présidentielle, et bien qu’il ne soit officiellement toujours pas candidat, le président de la République a pendant plus de deux heures « dessiné les contours » de la future « loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur » (Lopmi) pour les années 2022-2027 et ainsi présenté ce qui s’apparente à un programme. Flanqué du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de son conseiller Thierry Solère, le chef de l’État n’a pas hésité à prendre en exemple le modèle niçois de Christian Estrosi, honni par le député Eric Ciotti, ancien finaliste du congrès LR devenu conseiller sécurité de la candidate Valérie Pécresse.
Car pour Emmanuel Macron, Nice est bel et bien le modèle à dupliquer. Alors que son prédécesseur semblait bouder le projet Estrosi, Emmanuel Macron a débloqué, dans le cadre du plan de relance, 200 millions d’euros pour financer ce projet pharaonique d’hôtel des polices à 220 millions d’euros.
« Ici, à Nice, il y a une coopération exemplaire entre les polices », s’est félicité le président, avant de dérouler la « philosophie » de sa stratégie : « décloisonner et avoir une approche de sécurité globale, c’est-à-dire travailler avec toutes les villes qui y sont prêtes. Ces synergies, ce travail main à la main entre police nationale et police municipale, entre gendarmerie nationale et police municipale, est la clé pour réussir. Ce décloisonnement entre les polices est l’un des éléments de notre efficacité. »
« Jusqu’où les maires sont prêts à aller »
Si la loi Sécurité globale adoptée en 2021 a permis des « avancées » en matière de « coopération » des polices, de « mutualisation des fichiers », le président de la République entend « aller plus loin ». Mais, pour cela, il a besoin des maires. Et notamment de l’Association des maires de France (AMF), présidée par le maire LR de Cannes David Lisnard et principalement composée d’élus de droite, proches de Valérie Pécresse.
« Il serait important d’avoir une position de l’AMF pour savoir jusqu’où les maires sont prêts à aller en matière de partenariat, a souhaité Emmanuel Macron. C’est à l’AMF de porter la chose. Moi, je suis volontaire pour aller aussi loin qu’ici, à Nice, une ville exemplaire. »
« Doubler les policiers d’ici 2030 »
Si Emmanuel Macron a mis en avant son bilan, il a aussi profité de cette visite pour multiplier les annonces et muscler son discours sur la sécurité. « En regardant 2022, je suis conscient des défis qu’il nous reste en matière de sécurité», a-t-il ainsi lancé dès son propos introductif. Évoquant « le droit à la vie tranquille », il a reconnu : « nous n’y sommes pas (…). Le chemin est long. » Comme à Roubaix en septembre, il a réitéré son intention de vouloir « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 ». Comment ? En supprimant notamment les tâches annexes et en procédant à des réorganisations. Cette mesure viendra en complément de la création des 10 000 postes de forces de l’ordre depuis le début du quinquennat. « Nous avons ces cinq dernières années, conformément à l’engagement que j’avais pris, réinvesti dans notre sécurité », a également défendu Emmanuel Macron, sous forme de bilan avant de se projeter dans l’avenir.
S’adressant aux maires, il a également promis un « triplement à terme des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation » au profit de la vidéosurveillance.
Comme prévu, le président de la République a dévoilé les pistes du futur projet de Lopmi, qui doit être présenté en conseil des ministres « au mois de mars ». Ce dernier prévoit « une augmentation de 15 milliards d’euros du budget alloué à Beauvau sur cinq ans, soit une hausse de 25% d’ici à 2027. » Reste que d’après le calendrier, l’examen du texte ne pourra pas être réalisé par le Parlement durant la législature actuelle et dépendra donc du résultat des élections.
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