[Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) 10 200 hab.] « Je m’occupe un peu de tout : je fais visiter la maison aux nouveaux arrivants et je réponds à leurs questions, je mets le couvert, je fais la cuisine, des courses, du jardinage… » Jean-Louis Vernassal n’est pas un agent de l’Ehpad communal Mathilde-Laurent, à Villeneuve-lès-Maguelone, mais l’un de ses résidents. Sûrement l’un des plus actifs, dans une maison de retraite où chacun peut prendre son quotidien en main et participer à la vie commune. « On est libre », glisse-t-il, ému.
« On leur donne le choix et on ne fait pas à leur place », indique Christine Castillazuello, aide médicopsychologique (AMP) au sein de l’unité protégée dédiée aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’affections apparentées. « On leur propose, par exemple : la douche ? ou la toilette ? S’ils ne veulent pas se laver, mais que c’est nécessaire, on leur explique pourquoi. Et ensuite, on leur mime les gestes qu’ils ont oubliés pour leur permettre de se laver eux-mêmes autant que possible », précise l’AMP.
Quand une résidente, très angoissée, déambule alors que sa vue a baissé, ou qu’une autre se remet à marcher seule, sans demander de soutien, « on les surveille de loin », indique Catherine Girard, une autre AMP de l’unité protégée. Car il s’agit de les laisser exprimer leurs envies et leurs humeurs, seule manière de conserver ou de reconquérir leur autonomie.
Plaisir et utilité
Tous, quelles que soient leurs capacités, sont encouragés à s’engager dans les activités qu’ils apprécient. De l’atelier d’épluchage de légumes à l’essuyage de la vaisselle, en passant par le rangement de leur chambre, ils peuvent participer aux tâches quotidiennes. « Une dame qui sait toujours écrire remplit le tableau du menu chaque matin », raconte la psychologue de la maison de retraite, Marie Lembach.
Pour ceux dont la mémoire vacille, les noms des objets sont écrits en gros caractères sur des étiquettes affichées sur et dans les placards, les tiroirs, les portes, et les gestes à faire sont montrés par d’autres résidents ou les professionnels qui les accompagnent.
Les résidents peuvent aussi contribuer à écrire un livret sur les règles sanitaires en temps de Covid-19, s’occuper de la mini-épicerie qu’ils ont eux-mêmes mise sur pied ou se retrouver pour partager leurs souvenirs d’un résident décédé. Ils ont créé une floraison de comités, accompagnés par l’animatrice, afin de mener à bien leurs projets.
« L’activité, c’est un soin à part entière, c’est du plaisir pour eux, ils se sentent utiles », souligne Marie Lembach. Au point de jouer un rôle majeur. « Quand ils accueillent les nouveaux, ils ont des mots justes, réconfortants, car eux également ont vécu ce moment éprouvant », remarque l’animatrice Elisabeth Malard.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans une évaluation fine de leurs capacités, en les observant au fil des jours. Pas question de se reposer sur le « mini-mental state examination », examen prescrit dans les Ehapd, « ni révélateur, ni valorisant », selon Marie Lembach.
D’humain à humain
« On s’intéresse à leurs capacités, mais aussi à leur histoire de vie, leurs domaines experts, pour proposer ce qui leur fait envie et éviter de les mettre en difficulté », complète Elisabeth Malard. Tout vient de la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées, à laquelle toute l’équipe a été formée.
Au point de modifier leur posture. « Du soignant qui sait et dont la mission est d’aider la personne âgée dépendante, on passe à une relation d’humain à humain, plus enrichissante », analyse Marie Lembach.
Contact : Elisabeth Malard, animatrice, animation.ehpad@villeneuvelesmaguelone.fr
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