Selon ses dernières estimations, le CNFPT comptait 1 320 agents contrôleurs de gestion en 2019, contre 705 agents en 2006, soit presque le double. « L’attrait pour le métier coïncide avec les périodes de crise et les difficultés financières des collectivités », observe Bruno Carlier (1), directeur général des services du département des Alpes-de-Haute-Provence (1 250 agents, 164 100 hab.). « La dernière période a débuté avec la signature des contrats de Cahors [en 2017, ndlr] », ajoute-t-il. Et les services peinent à recruter.
Zone mixte
En témoigne un contrôleur de gestion, à la tête d’un important service, qui a cherché pendant plusieurs mois un candidat : « J’ai reçu trois CV. J’ai finalement trouvé en interne. Désormais, c’est une autre direction qui cherche un contrôleur… »
Pour ce chef de service, la complexité du métier tient à la zone mixte dans lequel il s’inscrit : il faut encadrer les services en régie, tout en maîtrisant la comptabilité privée, afin de contrôler les différents satellites ou délégataires. De plus, « un contrôleur de gestion doit comprendre les contraintes du service public. Il doit être capable de se mettre à la place de ses collègues. Il existe de nombreux contrôleurs de gestion sur le marché, de très bon niveau, mais ils ont suivi une formation en finances privées, ce qui nécessite ensuite plusieurs années pour les former en interne aux problématiques du secteur public », estime-t-il.
Un point de vue partagé par Bruno Carlier : « La formation initiale, spécifique aux finances publiques, manque clairement. Il faudrait qu’elle soit portée par un institut de management public ou par un institut d’administration des entreprises, avec la spécialité “finances publiques”. »
Le CNFPT à la rescousse
En attendant, depuis 2005, le CNFPT dispose d’un cycle long de 45 jours, destiné à former les nouveaux contrôleurs de gestion, qui arriveraient du privé, ou les agents qui souhaitent bifurquer vers ce métier. « Nous proposons deux cycles par an, avec une trentaine de stagiaires en tout, explique Audrey Studer, responsable nationale de la spécialité des finances et du contrôle de gestion au sein du CNFPT. Dans le groupe, il y a toujours deux ou trois personnes qui vont créer la fonction au sein de leur collectivité. »
Pilotage interne, comptabilité analytique et contrôle externe sont les trois principaux axes de ce cycle long. Mais, en parallèle, le CNFPT offre aussi des cycles courts thématiques. « En 2021, nous avons constaté une augmentation des demandes sur le contrôle externe, note Audrey Studer. Cela fait écho aux négociations menées par les collectivités avec leurs délégataires sur les demandes d’aides liées à la crise sanitaire. »
Contact : Audrey Studer, CNFPT, 03.88.15.53.62.
« J’avançais sur mon poste en utilisant les outils au fur et à mesure selon le cycle
Christine Carraco, cheffe de service « gestion administrative et budgétaire » à la direction de la petite enfance, à la ville de Rueil-Malmaison (2 310 agents, 78 000 hab., Hauts-de-Seine)
« J’étais commerciale avant d’intégrer la fonction publique territoriale en 2011. J’ai débuté sur l’évaluation du contrat urbain de cohésion sociale de la ville, avant d’entrer au centre communal d’action sociale, où j’ai notamment réalisé le rapport d’activité. Mais il me manquait la partie analyse, alors j’ai postulé lorsqu’un poste de contrôleur de gestion a été créé, aux côtés du chef de service.
J’ai suivi la formation du CNFPT pendant un an. J’étais en poste et en formation une semaine par mois, j’avançais sur mon poste en fonction du cycle. Cela me permettait d’appliquer les outils au fur et à mesure.
En 2016, nous étions deux contrôleurs de gestion, aujourd’hui, il y a une direction dédiée, avec quatre agents. De mon côté, j’ai intégré la direction de la petite enfance en 2021, pour, entre autres, développer des indicateurs au bénéfice d’une direction performante dans un secteur en crise. »
Thèmes abordés
Notes
Note 01 (*) Auteur de « Développer un contrôle de gestion efficace », Territorial éditions, 2021. Retour au texte