La dépense intérieure d’éducation (DIE), qui mesure l’effort consenti par la nation pour le fonctionnement du système éducatif, a baissé de 0,2% par rapport à 2019 et s’établit à 160,6 milliards d’euros. Un chiffre pour l’instant provisoire, prévient le service statistique de l’Éducation nationale (Depp), dans une note publiée fin novembre (1). Le poids de cette dépense dans le PIB atteint 7%. Si sa part augmente par rapport à 2019, c’est essentiellement du fait de la baisse de l’activité économique, plus conséquente que celle des dépenses d’éducation.
Le rôle de l’Etat renforcé
Mais c’est sur la structure de ces dépenses que la crise a eu le plus d’impact. La fermeture des écoles et des établissements a allégé le budget des familles notamment en matière de restauration scolaire. Les collectivités territoriales ont également vu leurs dépenses bouleversées, notamment du fait de la réforme de l’apprentissage. C’est donc le rôle de l’Etat qui se voit renforcé en 2020. Sa contribution à la DIE passe de 57,3% en 2019 à 58,8% en 2020, des aides supplémentaires ayant été accordés aux ménages pour faire face à la crise : majoration de 100 euros de l’allocation de rentrée scolaire, augmentation des bourses d’études dans l’enseignement supérieur… Tout cela s’ajoute à la part prépondérante de l’Etat dans les rémunérations des personnels intervenant dans les écoles et les établissements scolaires qui représentent 69,1 milliards d’euros en 2020, charges comprises. Mais c’est dans le premier degré que la part de l’Etat se renforce le plus, à hauteur de 58,1% des dépenses, soit près 3 points de plus qu’en 2019.
Les collectivités en net retrait
A contrario, les collectivités territoriales sont en net retrait en 2020. La réforme du financement de l’apprentissage, a en effet retiré ce rôle aux régions pour le transférer aux organismes professionnels. Quant aux communes, qui sont en charge des écoles maternelles et élémentaires, elles ont vu leurs dépenses de fonctionnement baisser à la suite du premier confinement, mais ont aussi moins investi, comme cela se produit traditionnellement l’année des élections municipales. Les rémunérations des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) et autres intervenants dans les écoles n’ont en revanche pas été impactées par la crise. La part des collectivités dans la DIE passe donc de 23,7% en 2019 à 22,4% en 2020, soit 1,3 points de moins.
Enfin, avec 10,4 milliards d’euros en 2020, la participation des ménages à la DIE est en net recul, baissant de 7,9% en 2019 à 6,5% en 2020. La cantine, l’internat et le transport scolaire ont été les services les plus impactés par la crise. Sans compter les voyages scolaires et sorties pédagogiques annulés en chaine. Une chute des dépenses que les ménages assument en grande partie. A noter que le port du masque rendu obligatoire en 2020 a tout de même généré un surcroît de dépenses. Le poste « habillement » qui intègre les masques a en effet augmenté de 5,6% en euros courants.
Moindres dépenses pour le premier degré
En 2020, le coût moyen d’un élève du premier degré atteint 6 980 euros, soit 40 euros de moins en prix courant, mais 220 euros en prix constant par rapport à 2019. Une baisse qui résulte de la moindre participation des communes, et qui n’a pas été entièrement compensée par l’Etat. A noter que cela ne vient pas contrecarrer la tendance, depuis 1980, qui vise à dépenser davantage pour le premier degré (en moyenne, 1,8% par an), alors que les effectifs ont soit baissé, soit stagné. « La dernière décennie est en effet marquée par la revalorisation des personnels de catégorie C (en 2013) et par la politique de priorité́ au primaire (à partir de 2017), dont le dédoublement des classes en éducation prioritaire », note la Depp. Mais malgré cet effort, le premier degré reste encore le parent pauvre du système éducatif contrairement à la moyenne des pays de l’OCDE. Avec 8 730 euros par élève au collège, 11 140 euros en lycée général et technologique, et 11 580 euros dans l’enseignement supérieur, le cout moyen d’un élève dans le secondaire ou le supérieur distance toujours celui d’un élève du premier degré.
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