Voilà un projet issu des milieux associatifs militants pour la justice sociale, notamment ATD Quart Monde, appuyé par les parlementaires de gauche, en la personne du député Laurent Grandguillaume, et qui fait l’unanimité à droite. « L’expérimentation a eu mon soutien personnel immédiat puisque je suis convaincue que nul n’est inemployable et que ce n’est pas le travail qui manque », témoigne Anne-Sophie Fontaine, première adjointe (LR) au maire de la Croix-Saint-Ouen, commune rurale, l’une des quatre qui constituent la candidature à Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) de l’agglomération de Compiègne. Egalement conseillère régionale des Hauts-de-France en charge de la ruralité, elle ajoute : « Lorsque, il y a trois ans, j’en ai parlé au président, Xavier Bertrand, il s’est dit ouvert à toute expérience qui remet les gens en emploi et leur redonne la fierté d’aller travailler. »
Engagement financier des collectivités
Même son de cloche du côté de la ville centre qui participe à la candidature avec ses quatre quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). « On répond présent à tout ce qui contribue au retour à l’emploi », affirme Sophie Schwartz, adjointe (DVD) au maire, déléguée à la réussite éducative, et conseillère communautaire à l’Agglomération de la région de Compiègne (ARC).
L’agglo a d’ailleurs apporté son soutien financier à l’équipe projet dès 2019, 10 000 euros, afin de contribuer à la structuration de l’expérimentation et à la mobilisation des chômeurs. En 2021, elle a renouvelé son engagement avec 15 000 euros. La région, même si elle n’est pas directement concernée par l’expérimentation, a également apporté une aide, 15 000 euros, pour soutenir des activités de l’équipe projet.
Soutien logistique
« Notre commune a mis à disposition gracieusement la salle du centre culturel pour accueillir plusieurs manifestations. Nous avons envoyé des flyers pour inviter les habitants. Nous communiquons activement sur les réseaux sociaux. Nous nous sommes approprié cette expérimentation », poursuit Anne-Sophie Fontaine.
Dans l’autre commune rurale concernée, Saint-Sauveur, l’engouement est le même. « Nous accueillons les réunions collectives des personnes intéressées dans la salle du conseil municipal, pour marquer le coup. Nous avons mis à disposition un local technique, un hangar, nous y avons remis l’électricité et l’eau. Les volontaires de TZCLD l’ont aménagé. Ils y fabriquent divers produits, par exemple des poubelles en palettes que nous allons installer dans la commune », confie le maire (SE) Claude Lebon.
Cadre national trop contraignant
Le dossier de candidature de ce territoire mature a été envoyé à la mi-octobre. Cependant, il a été retoqué car le périmètre fixé était trop grand, 25 307 habitants, là où les critères de expérimentation exigent 10 000 habitants. Pourtant, l’équipe projet avait pensé avoir trouvé une astuce, en proposant d’échelonner l’expérimentation dans le temps, de la déployer progressivement sur les territoires. Elle a reconstitué un nouveau dossier, en proposant trois candidatures distinctes mais coordonnées. Les communes concernées ont dû de nouveau délibérer.
Anne-Sophie Fontaine tranche : « Ma seule réserve, c’est le cadre trop contraignant de l’expérimentation. Nous avons dû délibérer à de nombreuses reprises, c’est lourd pour une commune. Le cadre manque de souplesse. Il faut proposer des choses simples à ces personnes privées durablement d’emploi. Il faut davantage de pragmatisme. »
Le silence du département
Mais une autre condition, cruciale, n’est toujours pas remplie : la délibération du conseil départemental de l’Oise. En effet, dans cette deuxième génération de l’expérimentation TZCLD, les départements doivent apporter une contribution financière à hauteur de 15% de la participation de l’Etat pour chaque équivalent temps plein, ce qui représente en moyenne 2500 euros par ETP et par an. « Le sujet est en cours de discussion en interne », informe le service de presse de la collectivité.
Vincent Cacheur, directeur de l’équipe projet, s’inquiète : « Les personnes sont mobilisés, nous avons des partenariats formalisés, mais si cela dure trop longtemps, nous allons tout perdre. » Sophie Schwartz poursuit dans le même sens : « Les personnes ont une telle soif que ça bouge ! Il faut que les choses deviennent concrètes au regard de l’engouement. » Mais Vincent Cacheur rappelle avec amertume la vérité crue : « S’il n’y a pas d’accord du département, il n’y a plus de projet. »
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La construction d'un "territoire zéro chômeur de longue durée" pas à pas
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- Territoires zéro chômeur : le portage politique local indispensable
- Elargissement de « Territoires zéro chômeur de longue durée » : Compiègne dans les starting-blocks
- « Territoire zéro chômeur » : du bénévolat en attendant l’entreprise à but d’emploi
- Devenir un « Territoire zéro chômeur » : les candidatures se préparent
- « Territoire zéro chômeur » : impulser une dynamique humaine pour concrétiser l’expérience
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