Comment éduquez-vous aux médias les élèves des écoles et les collégiens ?
Nous amenons les jeunes à se positionner par rapport aux messages véhiculés par les présentateurs sportifs ou les animateurs politiques. Nous décortiquons des magazines pour analyser les stéréotypes de genres véhiculés par les photos, publicités et articles. Les CM1 et CM2 de l’école Pauline Roland, à Rezé, ont appris l’impact qu’ils pouvaient avoir, en tant qu’apprentis journalistes, sur les représentations des métiers. En cinq séances, les élèves ont réalisé des interviews (pompière, homme sage-femme…) écrit et pris des photos présentées sur des panneaux, exposés ensuite à la médiathèque. Les 4èmes de l’école Sainte Madeleine-La Joliverie, à Nantes, ont réalisé un magazine dépliant (comme Les Autres Possibles) sur le thème du racisme. A Blain, des lycéens de Camille Claudel, ont créé un blog contre le sexisme avec le centre de loisirs.
Comment intervenez-vous auprès des adultes, animateurs et bibliothécaires notamment ?
Pour les jeunes et adultes, nous avons un parcours pédagogique autour de trois thématiques : « savoir s’informer en évitant les pièges », « comprendre le monde des médias » et « dans la peau d’un journaliste ». Pour les animateurs de centres de loisirs, par exemple, la formation s’est déroulée en deux fois deux heures. Sur le thème du sexisme dans les médias, nous avons avons d’abord réalisé collectivement une découpe des clichés et constaté l’invisibilité des femmes. Le deuxième temps était consacré au langage photographique, animé par un photojournaliste. L’an dernier, une dizaine de bibliothécaires ont été formés : atelier sur la désinformation, différenciation entre pub et info, comprendre le traitement de l’info selon la ligne éditoriale, et décrypter une photo de presse. Deux de nos journalistes ont également piloté une résidence de trois mois à l’Université de Sciences de Nantes, pour créer du lien entre chercheurs, étudiants et médias.
Comment les ateliers sont-ils financés ?
Souvent ils sont financés à 50 % par le partenaire (mairie, département…) et à 50 % par la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire (DRAC). Le département de Loire-Atlantique propose aux établissements de travailler sur la fabrique de l’info via « les classes presse ». Nous allons travailler l’an prochain avec quatre établissements à Blain, Paimboeuf, Nantes et St Nazaire, dont deux quatrièmes SEGPA. La ville de Rezé finance en grande partie les ateliers qu’elle propose et nous a inclus dans son catalogue d’intervenants culturels pour ses différentes structures.
Comment les enfants ressortent-ils de vos ateliers ?
Nous leur enseignons une façon de s’informer qu’ils n’ont tout simplement pas, en leur faisant découvrir autre chose que les réseaux sociaux. Les quatrièmes comprennent mieux la question des sources et l’importance de leur fiabilité…Mais ils n’est pas dit qu’ils changent leur pratique de l’information après…