La crise sanitaire a créé un contexte particulier en bouleversant nos repères. Elle a renforcé la nécessité pour les collectivités de s’adapter fortement et rapidement.
Notre constat est le suivant : le principe de mutabilité étant une des bases du service public, nous avons besoin d’intelligence collective pour faire face à des problématiques de plus en plus complexes. Nous avons besoin de réponses innovantes pour construire ou renforcer la résilience des réponses publiques face aux défis multiples auxquels les collectivités, et la société dans son ensemble, sont confrontées.
Pour innover, il faut pouvoir penser différemment, sortir du cadre. Concrètement, comment naît l’innovation ? Notre hypothèse est qu’il est indispensable de croiser les perspectives, de s’enrichir de la pensée des autres et de se confronter, non seulement à des manières de penser, mais aussi de faire différentes des nôtres : les compétences managériales et opérationnelles d’un administrateur, d’un conservateur de bibliothèque, d’une conservatrice du patrimoine, ou d’une ingénieure chef s’étendent au-delà de son domaine d’expertise, qu’il soit administratif, de lecture publique, patrimonial ou technique.
Cette hypothèse se vérifie chaque jour dans la formation des fonctionnaires. Ainsi, à l’INET, la formation est nourrie par une rencontre entre les filières administrative, culturelle et technique, autour de problématiques qui nous lient, comme le design des politiques publiques ou la conduite de projets structurants.
Le croisement des publics et des points de vue se fait aussi par le biais de nos échanges avec des cadres territoriaux en poste que nous côtoyons au cours de notre formation à l’INET, lors de nos stages ou dans les événements et salons professionnels auxquels nous participons.
Nous effectuons actuellement un stage de « projets collectifs », impliquant quatre élèves issus de différentes filières (administrateurs, conservateurs de bibliothèques, ingénieur chef). A cette occasion, nous mesurons combien le fait de travailler ensemble nous aide à penser différemment des sujets complexes et faire émerger des solutions audacieuses, y compris en dehors du périmètre de notre cadre d’emploi, pour agir sur tous les pans de l’action publique.
Ainsi, les projets «service public universel des besoins essentiels» à Dunkerque, «dynamisation économique et touristique» du territoire Levantin impliquent compréhension d’une commande politique particulière, des enjeux socio-économiques locaux, des relations entre la collectivité et ses partenaires.
Ils sont nécessairement menés par une équipe soudée, capable de s’appuyer sur les points forts de chacun de ses membres, pour aider à la décision, produire des propositions à la fois innovantes et ancrées dans la réalité.
Cette tribune est un appel : faisons fructifier cette chance en encourageant davantage la mobilité professionnelle entre les filières administrative, culturelle et technique de la fonction publique territoriale, et la mobilité entre fonctions publiques territoriale, d’état et hospitalière.
La réforme de la haute fonction publique renforce ainsi les passerelles entre les trois fonctions publiques.
Toutefois, avec l’intégration des administrateurs au tronc commun de l’Institut national du service public (INSP), elle n’est qu’à mi-parcours. Il faut désormais l’étendre aux conservateurs de bibliothèques et ingénieurs chef territoriaux.
Nous savons que l’INET, attachée au lien entre les cadres d’emploi territoriaux, travaille dans ce sens et que la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques y est favorable. Cette réforme doit donc aboutir rapidement !