Il semble définitivement acquis que la situation financière des collectivités se dégrade, que les prochaines années seront financièrement terribles, que le sort s’acharne constamment sur les collectivités locales : désengagement de l’Etat, crise financière, accroissement des normes, incidences de la crise du Covid-19 sur les budgets locaux… et toutes autres causes exogènes.
Tout pousserait à justifier qu’il faille redoubler de prudence en « provisionnant le pire » qui, finalement, ne semble pas se produire. Il suffit de comparer les prévisions – pourtant toujours parfaitement documentées – avec les données financières réelles pour constater que ces angoissantes annonces sont systématiquement éloignées des résultats : enjeux politiques pour certains ou positionnement marketing pour d’autres.
A ce jour, l’autofinancement global des collectivités se situe à un niveau solide. L’endettement représente un poids mesuré dans les budgets locaux, laissant penser que la capacité d’endettement est loin d’atteindre un seuil critique. L’investissement des collectivités locales a souffert d’un fort ralentissement sur le mandat passé, certainement du fait d’inquiétudes méticuleusement entretenues sur les conséquences de l’effort de redressement des comptes publics infligé aux collectivités (appelé improprement « baisse des dotations »). En 2020, le faible investissement est la conséquence de la crise sanitaire et du calendrier électoral.
Malheureux arbitrages
Bien entendu, il serait confortable de penser que les baisses d’investissement s’expliquent par une simple annulation d’opérations superflues, et non par de malheureux arbitrages dans l’entretien des équipements publics. Or c’est vraisemblablement là que la vigilance doit porter car la « culture » des ratios comptables, qui s’est malheureusement imposée dans le secteur local, limite grandement la fiabilité des analyses. En effet, il est probable que les investissements reportés nécessiteront un effort de rattrapage ultérieur.
Evidemment, la crise du Covid-19 a affecté les budgets des collectivités, comme ceux de l’ensemble des acteurs de l’économie, mais la situation budgétaire globale devrait normalement conduire les acteurs locaux à se réjouir, car ils disposent d’importantes capacités d’actions.
En effet, fin septembre 2021, la trésorerie des collectivités représentait plus de 74 milliards d’euros, en progression constante depuis douze ans, et en augmentation de 10 milliards ces douze derniers mois. La mise en dynamique de ces réserves au service d’un plan d’investissement affirmerait le rôle majeur des collectivités si elles décidaient d’engager un plan de relance local de l’économie française.
Alors, faut-il s’enfermer dans la recherche du énième manquement de l’Etat qui justifierait des craintes pour l’avenir ? Ne serait-il pas temps de mettre en dynamique ces disponibilités avec enthousiasme, afin d’imposer la place de premier plan des collectivités dans l’organisation institutionnelle et dans l’économie française ? En tout état de cause, il serait prudent d’investir ces excédents accumulés, sans attendre que l’Etat n’élabore un nouveau dispositif de solidarité pour répondre au nécessaire « redressement des comptes publics » à venir.
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