C’est d’une expérience personnelle qu’est né, en 2016, le projet ID-U. « Un ami a eu un accident de moto très grave, raconte Mathieu Tarrade, le fondateur de l’entreprise ID-U, pour identification d’urgence. Sa femme a mis six heures à le trouver. Les médecins, qui l’ont plongé dans un coma artificiel, ont mis quarante-huit heures avant de pouvoir commencer à le soigner. C’est le temps qu’il a fallu pour recueillir toutes les données médicales dont ils avaient besoin. »
L’ancien cadre, dont la start-up emploie aujourd’hui dix personnes, a développé une solution digitale qui vient améliorer la prise en charge des victimes (elles sont 4 millions par an). Elle repose sur une plateforme digitale où tout un chacun peut renseigner son dossier médical et mentionner les coordonnées de ses proches à prévenir en cas de besoin.
Conventions avec les pompiers
Le dossier médical rempli, l’utilisateur édite des QR codes, qu’il colle sur la coque de son téléphone portable, son casque de vélo, son portefeuille… Les sapeurs-pompiers ou le Samu, s’ils sont amenés à le secourir, n’ont plus qu’à scanner le QR code pour accéder à son identité et à ses informations médicales. Elles sont transmises à l’hôpital, avec la fiche digitale d’information des pompiers. La plateforme prévient automatiquement les proches.
Le déploiement de la solution ID-U repose donc, d’abord, sur l’adhésion des services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) au dispositif. « Nous avons signé une convention avec 35 Sdis, pour qui l’utilisation est gratuite », indique Mathieu Tarrade.
L’équipe commerciale s’appuie, pour développer l’usage, sur les collectivités et les entreprises. Le conseil départemental de la Haute-Saône, par exemple, a adhéré au dispositif au printemps, en finançant le rattachement de 1 000 personnes âgées de 70 ans et plus, bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie ou de la prestation de compensation du handicap. Budget : 14 200 euros.
Protection des métiers à risques
La ville de Chelles (55 100 hab., Seine-et-Marne) a mis en place le dispositif ID-U pour sa police municipale au début de l’été. Un moyen de mieux protéger la soixantaine d’agents qui exercent ce métier à risques. « Nous équipons aussi le personnel des offices publics de l’habitat qui vont sur le terrain faire la maintenance dans les immeubles », ajoute Mathieu Tarrade. En France, 40 000 personnes ont un abonnement ID-U.
Cette solution a reçu l’agrément de la Commission nationale de l’informatique et des libertés et du ministère de la Santé. Les dossiers médicaux sont stockés chez OVH, agréé pour l’hébergement des données de santé. Et un programme de « bug bounty » (de recherche de vulnérabilités) assure une veille contre d’éventuelles failles qui menaceraient la sécurité des données.
Contact. Mathieu Tarrade, fondateur, mathieu@idusante.fr
« Le système facilite la prise en charge des seniors »
Véronique Vincent, cheffe du service « bien vieillir » au conseil départemental de l’Oise
« En 2050, dans l’Oise, une personne sur trois aura plus de 60 ans. Pour permettre leur maintien à domicile, le département a initié deux dispositifs au printemps 2019 : Allo Oise seniors, un numéro de téléphone unique pour écouter, informer et orienter les personnes, notamment sur les questions de perte d’autonomie et Oise Urgence seniors [OUS], le système de flashcode qui facilite la prise en charge par les pompiers en cas d’intervention.Aujourd’hui, près de 2 000 personnes ont adhéré à OUS. Chaque jour, les pompiers de l’Oise flashent 1,4 QR code, en moyenne. Le déploiement a été ralenti par la crise sanitaire mais les conseillères de la plateforme Allo Oise seniors vont pouvoir reprendre leurs présentations. »
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