[Normandie 3,33 millions d’hab.] Créé en 2016, le fonds d’investissement Normandie Participations est une société de capital-risque au statut de société par actions simplifiée. Son associé unique est la région Normandie.
En principe, les fonds d’investissement régionaux dont la vocation est de soutenir les fonds propres des entreprises réunissent les collectivités et les acteurs privés – banques, compagnies d’assurance, mutuelles… Ce n’est pas le cas ici. « Le choix s’est porté sur cette structure originale car la région revendique le fait de ne pas prioriser le retour sur investissements pour faire ses choix », explique François Guisset, le directeur général de Normandie Participations.
Avec un co-investisseur privé
Investisseur 100 % public, Normandie Participations ne peut pas pour autant agir seul. La législation européenne impose le respect du principe « pari passu » : Normandie Participations doit intervenir avec un co-investisseur privé indépendant. Et le faire dans les mêmes conditions qu’un investisseur privé (rémunérations, niveaux de risque, modalités d’entrée et de sortie des investissements). « Il est possible qu’il y ait un déséquilibre en matière de prise de risque et de rémunération si c’est à l’avantage de l’investisseur public », précise François Guisset.
Si les conditions d’investissement sont en principe les mêmes, l’initiative revient à Normandie Participations, qui s’engage là où les autres investisseurs ne sont pas prêts à aller et doit trouver ses partenaires.
François Guisset illustre : « La société Robocath, qui développe un robot pour poser ses stents dans les artères bouchées, a eu des retards sur son calendrier de fabrication et s’est trouvée en manque de financements. Le risque étant très élevé, personne ne voulait remettre de l’argent dans le projet. Nous avons investi pour 1 million d’euros et avons trouvé un investisseur privé à hauteur de 500 000 euros. » Depuis, la société rouennaise a pu lever plus de 30 millions d’euros.
Prêt participatif
Lancé en 2018, le fonds Normandie Horizon complète l’offre aux entreprises. Associant Normandie Participations, la Banque européenne d’investissement et le Crédit agricole, il propose un prêt participatif d’une durée de sept ans aux entreprises. Ce financement intermédiaire entre le prêt à long terme et la prise de participation ne confère aucun droit de vote au prêteur. « C’est un engagement risqué, car c’est une dette de dernier rang [dernier à être remboursé, ndlr] », souligne François Guisset.
Son taux fixe est majoré d’une participation au bénéfice net de l’emprunteur. Il a pour avantage d’être un produit de fonds propres et, donc, de ne pas impacter l’endettement de la société. Depuis sa création, dix-huit entreprises ont été soutenues, pour un montant global de 11 millions d’euros.
Pour Normandie Participations, l’objectif est de déployer d’ici à 2025, par un soutien en capital ou en quasi-capital (obligations convertibles), 100 millions d’euros. La gestion du fonds est assurée par une équipe spécialisée dédiée. Les deux instances de gouvernance sont animées par des chefs d’entreprise, accompagnés par des institutionnels – agence régionale AD-Normandie, tribunal de commerce de Caen et Bpifrance.
Contact. François Guisset, directeur général de Normandie Participations, 02.31.53.35.31.
« Un outil spécifique qui vise à renforcer la compétitivité des entreprises »
Sophie Gaugain, première vice-présidente chargée du développement économique
« La création du fonds était un engagement de la campagne de 2015. Il nous fallait, pour répondre au déficit d’investissement notamment lié à la petite taille des entreprises, mettre en place un outil spécifique permettant de renforcer la compétitivité des acteurs économiques. Cela signifiait de faire croître les PME, de renforcer l’innovation sur les secteurs innovants, de prioriser le développement durable et la numérisation. Nous étions partenaires des fonds existants et, en créant Normandie Participations, nous voulions maîtriser l’orientation de nos investissements sur les filières stratégiques et sur notre intelligence économique territoriale. Si deux sous-traitants seulement interviennent dans une filière, il nous faut les soutenir en priorité. Nous assumons alors notre prise de risque. Or, aujourd’hui, on enregistre très peu de casse. »
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