[Syndicat du bassin versant des étangs du littoral girondin (Gironde) • 13 communes • 36 000 hab.] Les deux grands lacs médocains et le bassin d’Arcachon sont des écosystèmes remarquables du point de vue de leur biodiversité et constituent un atout majeur de l’activité économique touristique du territoire. Cependant, leur sensibilité aux phénomènes d’eutrophisation et au développement de cyanobactéries, incompatibles avec les activités aquatiques en particulier, pose problème.
Confronté à une forte concentration en nitrates, le Siaebvelg a lancé des tests ces dix dernières années. Il est désormais convaincu de la nécessité de jouer sur plusieurs tableaux pour éviter l’envasement des lacs. Il s’agit de changer la manière de produire de l’agriculture locale, en concertation avec les agriculteurs, mais aussi de réhabiliter les zones humides altérées en tête de bassin versant. Celles-ci ont en effet un rôle à jouer grâce, notamment, à leur capacité d’autoépuration.
Eau dénitrifiée
Le projet des lacs médocains prévoit ainsi la création de zones humides tampons au niveau des parcelles agricoles. Le but étant de dénitrifier l’eau naturellement en amont. A la sortie de ces lagunages agricoles, il s’agira ensuite d’expérimenter la dispersion lente de l’eau en forêt et donc de stopper la concentration vers un cours d’eau principal allant directement et rapidement au lac.
Par ailleurs, des lagunes forestières seront restaurées. Le syndicat, lauréat de l’appel à projets lancé par l’agence de l’eau Adour-Garonne, avec les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Auvergne – Rhône-Alpes, sur la réhabilitation des zones humides de tête de bassins versants, bénéficiera d’une enveloppe de 600 000 euros. « Cela va nous permettre d’accélérer le dispositif », assure Frank Quenault, animateur du Sage des lacs médocains et directeur du Siaebvelg.
Sur 79 candidatures, 42 projets ont été retenus par l’agence de l’eau pour la réalisation de 15 millions de travaux sur quatre ans, mais si le projet des lacs médocains retient particulièrement l’attention, c’est en raison de son ampleur et des enjeux. « Ce territoire est soumis à une forte pression avec l’installation de populations à l’ouest et à l’est. Nous ressentons aussi un sentiment d’urgence au sud-ouest, car il se situe dans une zone de basculement du changement climatique comportant un déficit en eau qui va se creuser », explique Bruno Leménager, directeur de la délégation Atlantique-Dordogne à l’agence de l’eau Adour-Garonne.
Pratiques à changer
Résultat, « si le sujet de départ consistait à améliorer la qualité de l’eau, ce travail sur les zones humides, qui pompent l’eau l’hiver et la retiennent l’été, va aussi permettre de prévenir les inondations et les sécheresses, et d’aider à préserver la biodiversité. Nous serons gagnants sur tous les tableaux », assure Frank Quenault. « Avec l’adaptation au changement climatique, les zones humides qui étaient déjà utiles constituent des infrastructures naturelles stratégiques », ajoute Bruno Leménager.
De quoi mettre d’accord les différents acteurs locaux, notamment les communes, les forestiers et les exploitants agricoles. « Les universitaires nous ont apporté une information qui nous manquait. Nous sommes une dizaine d’exploitants agricoles à travailler depuis dix ans à la remise en cause de nos pratiques », explique ainsi Pascal Abiven, exploitant agricole, élu à Hourtin et vice-président du Siaebvelg.
Reste à financer la création des lagunages agricoles, soit environ 4 millions d’euros. Un projet de production d’énergies renouvelables est aussi à l’étude.
Contact : Frank Quenault, animateur du Sage et directeur du Siaebvelg, frank.quenault@siaebvelg.fr
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