Au Cailar, au cœur de la Petite Camargue (Gard), est née une « communauté énergétique » (lire ci-dessous). Elle réunit six propriétaires de maisons individuelles et la municipalité dans une expérimentation d’autoconsommation solaire collective pendant deux ans. Avec une innovation à la clé : le concept de « Vehicle-to-Grid » (véhicule vers réseau électrique), inédit en France. L’électricité stockée dans la batterie d’un véhicule peut être réinjectée dans la communauté grâce à une borne de recharge bidirectionnelle.
A l’origine de cette initiative, la start-up Beoga, fondée en octobre 2019 et labellisée GreenTech Innovation un an plus tard. Ses logiciels optimisent l’utilisation des ressources au sein des communautés énergétiques en connectant panneaux solaires, batteries, véhicules électriques, tout en déterminant l’énergie disponible des uns pour les autres.
Partage entre voisins
« On crée des algorithmes qui interprètent les données collectées au sein de la communauté pour optimiser l’utilisation de la production locale et prendre en compte les besoins de chacun et du réseau », explique Amaury Pachurka, président de Beoga.
L’intérêt est double, selon lui, puisqu’il s’agit de « développer les énergies renouvelables en circuit court et de réduire les coûts » en produisant localement l’électricité et en la partageant entre voisins, à un prix inférieur à celui du marché. « L’objectif est de faire baisser la facture énergétique de 15 % », précise-t-il.
La communauté est d’autant plus incitée à diminuer sa consommation que, connectée au réseau national, elle lui vend les surplus produits au prix du marché. « Fabriquer et consommer notre énergie, la mettre en commun, c’est très satisfaisant, sans oublier l’intérêt financier dans une période où le tarif de l’énergie augmente », témoigne une habitante, Michelle Michalski.
Batteries stationnaires
Une personnalité morale organisatrice regroupe les six propriétaires et la mairie du Cailar. La start-up a mené les études préalables (urbanisme, questions juridiques et financières) et investi dans les moyens de production : panneaux solaires installés sur le toit des vestiaires du stade municipal et sur les maisons pour un total de 18 kilowatts-crête, trois équipements de stockage (batteries stationnaires) et deux véhicules électriques. Elle fournit aussi une application sur smartphone qui permet à chaque membre de savoir où il en est et d’adapter sa consommation.
A brève échéance, le but est d’intégrer à la communauté d’autres membres et de nouveaux véhicules. Beoga souhaite multiplier ce type de dispositifs d’autoconsommation collective qui peut intégrer des entreprises, commerces, établissements publics et des particuliers. « Ce projet doit répondre à des questions essentielles : quelle est la taille critique d’une communauté ? Faut-il en créer une grande ou dix petites ? De quels services ont-elles besoin ? » indique Amaury Pachurka.
Contact : Amaury Pachurka, président de Beoga, contact@beoga.fr
« On pourra éclairer un match en nocturne »
Etienne Pelloux, conseiller municipal du Cailar (2 400 hab., Gard)
« On développe les énergies renouvelables et on gagne en autonomie, avec la perspective de réduire notre facture d’électricité, mais c’est la start-up Beoga qui investit : elle a couvert de panneaux photovoltaïques les 30 mètres carrés du toit du stade communal et l’a équipé d’une batterie de stockage. Si un match se déroule en nocturne, on pourra l’éclairer sans pomper dans le réseau national. Beoga nous fournit aussi un véhicule électrique que l’on pourra racheter dans deux ans au prix qu’il aura à cette date. Et il y a d’autres projets, comme l’installation de panneaux solaires sur le toit de l’école communale… Cette démarche est très adaptée à un lotissement de maisons individuelles ou à de petits collectifs. »
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