[Romainville (Seine-Saint-Denis) 28 500 hab.] Une collectivité qui porte une structure d’insertion par l’activité économique : le fait est rare, mais, à Romainville, il n’est pas dû au hasard. Le maire, François Dechy, ancien entrepreneur solidaire, connaît bien les méandres de ce secteur. C’est lui qui impulse la création de l’Actes, en septembre 2020. Actes conventionne avec l’Etat en novembre et lance son premier atelier et chantier d’insertion début 2021 au sein de la Cité maraîchère, équipement municipal constitué d’une ferme urbaine verticale de 700 mètres carrés.
« L’idée est de créer de l’emploi local et durable pour les personnes qui en sont éloignées, dans les nouveaux métiers de la transition écologique et sociale », décrit Mathieu Langlois, maire adjoint chargé de la vie économique locale. Douze personnes ont été recrutées en contrat à durée déterminée d’insertion de 26 heures par semaine et d’une durée maximale de vingt-quatre mois, rémunéré au Smic horaire.
Maraîchage et animation
Epaulés par deux encadrants techniques, ces salariés travaillent dans deux pôles, le maraîchage et l’écoanimation. « Cet été, nous avons eu notre première récolte, certes encore modeste, de tomates et d’aubergines. Les légumes ont été vendus par le Secours populaire à des familles précaires en fonction de leur quotient familial, à des prix allant jusqu’à 75 % de ceux du marché », explique Yuna Conan, directrice de la Cité maraîchère.
Les écoanimateurs, quant à eux, ont différentes missions. Ils sont d’abord médiateurs. A Romainville, la collecte sélective des déchets se fait par des bornes d’aspiration pneumatique. « Il y a un grand problème d’incivilité, d’incompréhension et de méconnaissance », note Yuna Conan. Les écoanimateurs vont donc auprès des habitants, leur expliquent le fonctionnement des bornes et les sensibilisent au coût que représentent les dépôts sauvages. Ils font aussi de l’animation dans les écoles et les structures municipales – centres de loisirs, maison de retraite – sur l’alimentation durable, la lutte contre le gaspillage alimentaire et le zéro déchet.
Prise de parole en public
Les salariés bénéficient d’un accompagnement socioprofessionnel intense de la part des conseillers en insertion professionnelle du centre communal d’action sociale. Ils sont également formés en situation de travail par les encadrants techniques : postures et gestes pour les maraîchers, prise de parole en public pour les écoanimateurs.
Ils effectuent en outre des visites apprenantes chez des partenaires, par exemple au centre de traitement des déchets relié aux bornes pneumatiques et chez Moulinot, spécialiste de la gestion des biodéchets. C’est d’ailleurs lors d’une visite chez Ramen tes drêches, entreprise de revalorisation des drêches de brasserie, que l’un des salariés a été embauché en CDI. Une sortie positive qui réjouit l’équipe.
Cependant, Yuna Conan fait part d’une difficulté : les formations du CNFPT sont peu accessibles aux salariés en insertion. Un défi à relever.
« J’utilise la pédagogie active, où l’on apprend en faisant »
Adrianna Le Goff, encadrante technique pour le volet « animation »
« Je délivre une formation sur trois grandes thématiques : la nature en ville, l’alimentation durable et le zéro déchet. J’ai recours à la pédagogie active, qui consiste à amener les personnes à apprendre en pratiquant. Je conçois les ateliers et les outils pédagogiques, et les transmets aux écoanimateurs. Ce sont eux qui organisent ensuite les ateliers dans le périscolaire ou en maison de retraite. On adapte le contenu aux publics. Je suis en lien avec les enseignants des écoles pour proposer une offre complémentaire à ce qui existe. Nous avons un référent “compost” qui a suivi une formation proposée par Est ensemble [établissement public territorial dont Romainville est membre, ndlr]. Les salariés sont peu qualifiés et c’est pour eux une occasion d’acquérir de nouvelles compétences dans des métiers d’avenir. »
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