[Grenoble, Isère, 157 700 hab.] Rue du Vieux-Temple, à Grenoble, des résidents, riverains et usagers de la MDH s’affairent, de bon matin, à la construction d’un banc circulaire autour d’un arbre et d’une fresque sous un passage menant à l’école Bizanet. « On le trouvait trop triste et pas très rassurant », explique une habitante, pinceau à la main.
L’ensemble de ce projet se déroule dans le cadre d’un COP, un dispositif que gère Franck Quéré. Le responsable du service « espace public et citoyenneté » en résume le principe : « Les habitants proposent un projet qu’ils veulent eux-mêmes réaliser – une pergola, des jardinières, des assises, des fresques, et nous apportons le matériel et notre savoir-faire. On travaille beaucoup le bois, les mosaïques, la terre crue avec les habitants. » Il importe, enfin, que ces projets sur mesure, fabriqués par des bénévoles, « soient de bonne facture », souligne-t-il.
Respecter le règlement du chantier
Le système des COP voit le jour sous le premier mandat du maire écologiste et sous l’impulsion d’Antoine Back, alors conseiller municipal chargé de la gestion urbaine et sociale de proximité.
Ce dernier revient sur la genèse du dispositif : « On entendait souvent les habitants nous dire “filez-nous du matériel, on va le faire !” A force, ça a fini par imprimer ! Nous avons étudié un moyen souple pour répondre à cette demande avec un service dédié et une procédure juridique ad hoc. »
Pour se prémunir contre la survenue d’accidents durant le chantier, la ville se tourne vers la convention d’accueil d’un collaborateur occasionnel bénévole. Signée par chaque participant, elle engage l’habitant à respecter le règlement du chantier. De son côté, la ville en endosse la responsabilité et couvre la sécurité des participants.
Pivot du dispositif, le service « espace public et citoyenneté » suit les projets de bout en bout. Il dialogue avec chacun des groupes pour affiner la requête. Ces échanges s’accompagnent d’une concertation auprès des habitants du quartier qu’anime la MDH de secteur, partenaire privilégiée des COP. « On demande aussi aux porteurs du projet de s’impliquer dans la concertation et de faire valider le projet par leurs voisins », souligne Franck Quéré. La MDH communique abondamment sur le projet pendant toute la phase amont afin de générer une émulation autour de ce temps fort pour le quartier.
Recours à un street-artiste
Reste au service à vérifier la faisabilité, puis à procéder à la commande du matériel, avant de caler les dates des travaux. Pendant la construction, sur une semaine en moyenne, pas moins de quatre agents du service prêtent main-forte aux résidents. Pour les aspects très techniques, la ville peut recourir à une entreprise ou à un street-artiste, selon la demande.
En trois ans, plus d’une trentaine de COP ont été réalisés. La ville table sur une moyenne de quinze chantiers par an, car les moyens humains du service ne sont pas extensibles. Le service veille à intervenir de manière équitable dans les quartiers et privilégie les premières demandes.
« En plus d’embellir la ville, l’initiative retisse du lien »
Margot Belair, conseillère municipale chargée des chantiers ouverts au public
« Nous sommes dans un monde de plus en plus contraint, qui nous oblige à inventer des dispositifs tels que les chantiers ouverts au public. Ils sont bien plus qu’un simple outil de transformation de l’espace public. Leur capacité à agir sur le quotidien renforce le sentiment d’appartenance des citoyens à la communauté. Ils réinventent le travail des agents en les repositionnant comme des médiateurs, un rôle qui les grandit. En plus d’embellir la ville, ce dispositif offre des moments conviviaux permettant de retisser du lien social, de favoriser la rencontre entre les voisins et les générations par le faire-ensemble. Notre ambition est d’élargir ce dispositif aux bâtiments, au domaine du sport et de la culture. »
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