[Collectivité de Corse 338 500 hab.] Délégataire de la compétence « patrimoine », la collectivité de Corse a souhaité aller plus loin que la simple assistance financière aux communes dans la conservation et la restauration du patrimoine mobilier, généralement religieux, dont elles sont propriétaires. Elle a donc créé, en régie, le Centre de conservation-restauration du patrimoine mobilier de Corse, établi au fort Charlet, à Calvi. La restauration, l’agrandissement et la transformation du fort se sont achevés en 2017.
Inauguré en février 2019, cet établissement permet la restauration des objets et conseille les communes pour la conservation préventive de leur patrimoine. Au lieu d’envoyer les objets en restauration en Italie ou sur le continent, le travail est effectué sur l’île, évitant les risques liés au transport. Chaque objet passe par une quarantaine de désinsectisation, avant l’étape de la documentation photographique. Les dimensions des salles de stockage et des ateliers permettent de traiter des œuvres monumentales.
Le centre emploie six agents. Les restaurateurs externes, aux compétences spécialisées, interviennent sur site pour des périodes de une semaine à trois mois, selon les chantiers. Afin de faciliter leur séjour, la collectivité met à leur disposition un appartement.
La conservation des objets à l’heure du développement durable
L’établissement bénéficie aussi de l’expérience du Centre interdisciplinaire de conservation et restauration du patrimoine, à Marseille, notamment en ce qui concerne la formation des agents. « Nous cherchons à appliquer les principes du développement durable, même si prendre le bon pli n’est pas toujours évident », précise Sarah Le Berre-Albertini, responsable du centre.
Pour le stockage, « on remplace le plastique par des couvertures, c’est plus difficile en maintenance, mais on évite des déchets », poursuit-elle. Les eaux de rinçage sont quant à elles stockées en fûts et envoyées à une société de traitement des déchets chimiques. Enfin, en matière de désinsectisation, « on sait que les traitements chimiques ne sont pas pérennes, donc le meilleur est l’action autour de l’objet : ménage, éviter l’humidité et l’ombre, pose de pièges, anoxie, congélation ».
Le centre a noué 34 conventions avec des communes pour la conservation préventive de leur patrimoine. « Il s’agit de mettre en œuvre des mesures simples pour éviter la dégradation des objets restaurés qui retourneraient dans des conditions défavorables, par exemple dans les églises », indique Sarah Le Berre-Albertini.
Leçon de dépoussiérage
Chaque semaine, l’équipe effectue des diagnostics sur le terrain et en profite pour délivrer des conseils simples d’entretien et de conservation, notamment aux bénévoles qui entretiennent les églises, dont l’attachement cultuel et sentimental aux objets est pris en compte.
Ainsi, à Santa-Reparata-di-Balagna (1 000 hab.), « lors de l’inventaire de l’orfèvrerie et des objets textiles, ils ont passé l’aspirateur et enveloppé les objets dans du papier de soie, se souvient Jeanne Marçon-Vincentelli, adjointe au maire. Le but était de nous apprendre à dépoussiérer. » L’intérêt de cette commune pour son patrimoine lui a permis de trouver les financements afin de restaurer les décors de l’église, des croix franciscaines et une statue articulée du Christ du XVIIIe siècle.
Enfin, en ce qui concerne son volet « médiation », le centre s’appuie sur une chargée de mission et le fort Charlet dispose d’un espace d’exposition, d’une salle de conférences et d’ateliers pédagogiques pour les scolaires. Il propose aussi des résidences d’artistes.
Contact. Sarah Le Berre-Albertini, responsable du centre de conservation-restauration du patrimoine mobilier, 04.20.03.94.75.
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