[Barlin (Pas-de-Calais) 7 700 hab.] Le projet « bien vieillir à Barlin » consiste à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, mais aussi à ménager les transitions vers des lieux de vie adaptés au fur et à mesure de l’évolution de leurs besoins, dans la même ville. Et ainsi « démystifier l’entrée en établissement » si elle survient, précise Julien Dagbert, le maire.
Ce projet réunit le centre communal d’action sociale, l’Association hospitalière nord Artois cliniques (Ahnac), qui gère l’Ephad et la résidence autonomie, le bailleur social Sia, propriétaire d’une cinquantaine de logements, occupés par des locataires âgés de 77 ans en moyenne, ainsi que d’autres acteurs : conseil départemental, Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail, communauté de communes et prestataire d’aide à domicile.
Un lieu de vie ouvert
La consultation des locataires des logements indépendants, dont huit sont accolés à l’Ehpad, fin 2019, a montré leur souhait de rester y vivre, mais un besoin d’adaptation des habitations, que la Sia a déjà menée dans trois d’entre elles. Ils ont également exprimé le souhait d’avoir accès à davantage de services adaptés. Les habitants de la résidence autonomie ont, eux, accepté la perspective d’ouverture sur l’extérieur.
« Cela devrait permettre aux locataires des logements d’y vivre le plus longtemps possible, tout en leur offrant plus de liens avec les résidents », indique Eric Batcave, directeur du pôle médicosocial de l’Ahnac. Ils peuvent aussi bénéficier d’un hébergement alternatif en cas de besoin temporaire, « par exemple si leur aidant naturel est absent ». Une chambre a été aménagée dans ce but.
Des occasions d’échanger
Goûters, repas à thème, animations, ateliers numériques… : le projet prévoit en outre de multiplier les possibilités de rencontre entre habitants et résidents. Des occasions dont la pandémie de Covid a renforcé l’importance, mais qu’elle a reportées à la rentrée 2021. Et autant de motifs de découverte et d’échanges, qui devraient faciliter le passage d’un type de lieu de vie à un autre en cas de besoin.
Par ailleurs, « on a pu créer une petite boutique de produits de première nécessité » dans la résidence autonomie, ajoute Eric Batcave. De son côté, la ville a initié un service de transport à la demande pour les seniors, ainsi qu’un « physioparc » ouvert à tous, à côté de la résidence.
Selon Eric Batcave, « il est rare que les planètes s’alignent ainsi », avec la proximité des dispositifs et la mobilisation des acteurs. Il reste cependant des chantiers à mener et à financer, telle la rénovation-adaptation des logements. La ville prévoit en outre de mettre en place un conseil des sages et l’Ahnac espère pouvoir embaucher un « care manager », qui pourrait faire circuler les informations sur les activités et détecter les personnes en situation de fragilité.
Contact. Eric Batcave, directeur du pôle médicosocial de l’Ahnac, 03.21.79.60.60.
« Il faut que les personnes soient dans une dynamique choisie »
Mélissa-Asli Petit, sociologue et fondatrice du bureau d’études et de conseil Mixing générations
« Dans un parcours du type de celui organisé à Barlin, on doit organiser la manière dont les personnes âgées transitent d’une structure à l’autre, travailler sur ce qui amène à basculer vers un nouveau lieu de vie et sur ce qui va donner envie d’y aller. Pour que le parcours soit favorable, il faut que les personnes soient dans une dynamique choisie, et non subie. Ce qui est intéressant, dans une commune de cette taille, c’est que les personnes restent ainsi ancrées dans leur territoire, même en changeant de lieu de vie. Conserver ses habitudes et son écosystème est primordial. Lier mobilité, territoire de vie et habitudes l’est aussi. Enfin, l’ouverture des animations d’un lieu de vie à d’autres habitants permet de créer du lien social, dont on a vu durant ces derniers mois combien il pouvait être fragile. »
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