Avec la publication récente de ses propositions budgétaires pour 2014-2010, la Commission européenne a ouvert le débat sur les priorités assignées à la future politique de cohésion et à la Politique agricole commune (PAC). Les résultats de ces discussions intéressent les territoires car ils auront un impact concret sur les projets finançables.
Au sein de la PAC, le premier pilier continuera à soutenir l’agriculture européenne sur les marchés mondiaux. Le deuxième pilier, plus récent, est plus fragile notamment parce qu’il est partagé entre soutien à la diversification des agriculteurs (en tant que public) et développement territorial (approche intégrée).
De son côté, la politique régionale se résume à l’innovation (technologique) et à la compétitivité (économique) avec une obligation de concentrer les fonds sur des projets à forte valeur ajoutée. Deux questions se posent : l’intervention publique doit-elle se limiter aux projets économiquement rentables ? Pourquoi restreindre l’innovation à la technologie ? Les territoires ruraux développent des solutions originales pour adapter les services aux besoins de la population que ce soit en matière de santé, de culture ou de transport en regroupant et en mutualisant l’offre, par exemple.
Si l’innovation et la compétitivité offrent un accès aux fonds européens, d’autres mots sont bannis : compensation et handicap. L’approche se veut résolument positive : chaque territoire dispose de ressources à faire fructifier pour être compétitif. Cette philosophie du bonheur pour tous rassure parce qu’il n’existe plus de territoire sans atouts. Or la porte européenne se ferme si le projet n’entre pas dans le cadre strict de l’innovation. Et pas question de subside compensateur de faiblesses puisque chaque territoire dispose d’atouts. La boucle est ainsi bouclée.
Un Yalta des politiques européennes se dessine : une PAC stabilisée financièrement et « verdie » destinée au monde agricole, une politique régionale réservée à l’innovation technologique donc plutôt urbaine. « Unie dans la diversité » telle est la devise européenne. La proposition européenne actuelle mériterait d’être complétée par une promotion du développement local et un soutien à la créativité de tous les territoires.